
Mis à jour le 17 décembre 2018
| Afrique , Blog Voyage , Sénégal , Voyageur
Publié le 8 mai 2011
Lui, c’est le bateau. Elle, le cinéma. Yann et Pauline. Ou comment concilier deux passions en un seul et même projet : un bateau-cinéma. Une voile que l’on remplace par une toile. Une toile que l’on hisse le long du mât. Un écran que l’on monte, au pied d’un arbre ou devant une maison. Trois mètres sur quatre. Pas de quoi passer inaperçu, mais pile ce qu’il faut pour nouer contact. Echanger et partager. Pendant plusieurs mois, naviguant à bord d’Evaloa, ces deux-là ont abordé les villages reculés de la Casamance et apporté un peu de cinéma africain… là où l’Afrique n’en avait pas.
C’est une région située au sud du Sénégal, enclavée entre la Gambie et la Guinée. De part sa position géographique, la Casamance est assez indépendante du Sénégal. C’est également d’un point de vue culturel qu’elle se distingue : alors que la majorité des sénégalais sont d’ethnie wolof et de religion musulmane, les casamançais sont diolas, parlent leur propre dialecte du même nom et pratiquent la religion animiste. Par leur enclavement mais aussi leur volonté, ils ont réussi à préserver leur culture, et leur religion animiste. Pour nous, la Casamance est donc une région riche à plusieurs niveaux, par le mode de vie de la population, leur indépendance, la religion animiste, les paysages magnifiques…
Les deux. Nous savions que la Casamance était une région magnifique à parcourir en voilier. Cette région est traversée par un fleuve, en bateau on peut donc accéder à de nombreux villages qui sont très reculés de la route. Par rapport à notre projet, on se doutait qu’il y aurait peu d’offres culturelles proposées dans ces villages, et que notre action pourrait donc avoir du sens.
La région est en effet assez isolée. Nous avons navigué entre l’entrée du fleuve et Ziguinchor, la capitale, sur la partie navigable du fleuve Casamance. Beaucoup de villages qui longent le fleuve sont isolés de la route. Les gens peuvent donc accéder aux villages en pirogue, et nous en voilier. Certains villages, comme Niomoune où l’on a séjourné le plus longtemps, étaient à plusieurs heures de pirogues de la ville de Ziguinchor.
Nous nous sommes rendus dans des villages sans électricité, donc sans accès au cinéma. Les jeunes organisent parfois des soirées-vidéo avec une télé et un groupe électrogène mais pas de séances avec tout le village, et surtout pas de films africains. Les jeunes regardent des films de guerre et de kung-fu, très éloignés de leur réalité. Nous nous doutions donc que ce serait pour eux une expérience unique de voir un film africain sur grand écran dans leur village et ce fut le cas. Beaucoup n’avait jamais vu un film sur grand écran, encore moins un film africain.
Nous demandions à rencontrer l’instituteur, ou le représentant de la jeunesse. Nous expliquions notre projet et organisions souvent une projection de film dans la foulée, car les habitants étaient ravis de notre proposition. Nous allions nous présenter au chef du village, puis c’est par bouche à oreille que l’information circulait, de façon très naturelle en fait. Les jeunes du village nous aidaient à transporter le matériel du bateau à la place du village, et le tour était joué. Il suffisait de mettre de la musique avant la séance pour que le public arrive.
Ils étaient surpris de voir des films africains à l’écran, des films qui parlent de leur quotidien. Ils étaient très émus et fiers, comme s’ils se voyaient à l’écran. Les films ont toujours reçu un vif succès.
Le cinéma a permis l’échange avec la population locale et a facilité notre intégration. Nous n’avons pas été considérés comme de simples touristes, on a pu faire de nombreuses et riches rencontres… Partir avec un projet est un superbe moyen de voyager différemment, nous ne le concevons pas autrement car comme cela, nous pouvons aller plus naturellement vers les gens et faire de vraies rencontres.
Notre prochain voyage est un enfant ! Nous allons être futurs parents d’ici peu et on va rester un peu en France pour profiter de cette nouvelle aventure. Et dans quelques temps nous pensons garder le principe du bateau-cinéma et partir pour l’Amérique du sud, car nous aimerions bien traverser l’Atlantique ! Peut-être partirons-nous avec d’autres amis voiliers, avec comme principe l’échange culturel, que ce soit par le biais du cinéma, de la musique, du clown, du théâtre…
A voir !
Pauline a réalisé un documentaire sur leur voyage : « Le bateau-cinéma, de Bretagne en Casamance ». Elle a bien insisté pour que l’on précise qu’il est en vente, alors on fait passer le mot !
Que ce soit pour les aider à financer leur prochain projet, ou pour en savoir plus sur leur voyage en Casamance, allez jeter un œil sur le site de Pauline et Yann : www.auxcinephilesdeleau.com.