
Mis à jour le 26 juin 2018
| carnet de voyage , Voyageur
Publié le 15 mai 2013
Aujourd’hui, on plonge dans l’univers coloré de Bastien Dubois, un jeune touche-à-tout qui se passionne pour les arts graphiques et visuels, et qui trouve son inspiration dans ses nombreux voyages. Un travail qui porte ses fruits puisque Bastien a été nominé pour l’Oscar du meilleur court-métrage avec Madagascar, carnet de voyage, en 2009, avant de réaliser une série animée pour Arte.
J’ai 29 ans, j’ai grandi dans le nord de la France, dans un petit village dont mes ancêtres sont tous issus depuis au moins la révolution française. Peut-être est-ce à l’origine de mon horreur de la sédentarité ?
Extrait des carnets de voyage © photo credit : Bastien Dubois
Le dessin. Cela vient probablement d’un besoin de reconnaissance. Je crois que cela a commencé au stade anal. Vers l’âge de deux ans, on me fit comprendre que je devais arrêter de présenter fièrement mes fèces à qui voulait les voir, j’ai alors dû me réorienter dans mes choix artistiques et c’est tout naturellement que je me suis tourné vers le dessin, mes parents étant tous deux du métier.
Oui, c’est même extrêmement facile : ça s’appelle la flemme !
Ce fut Lille-Istanbul en auto-stop pendant 2 mois. J’ai beaucoup dessiné pendant ce voyage : plus de 130 peintures au total. Maintenant, j’ai un peu plus de mal à tenir ce rythme ; j’étais en Jordanie et au Liban pendant un mois, j’ai dû faire une vingtaine de dessins en tout, dont quatre peintures. Je sais, ce n’est pas bien !
Extrait des carnets de voyage © photo credit : Bastien Dubois
Oui ! Voyager pour voyager m’ennuie. Je cherche toujours à parler aux gens, à provoquer des situations, des aventures. Par exemple, en Jordanie je jouais au « taxi gratuit ». Dès que je voyais quelqu’un sur le bord de la route, marchant ou attendant le bus, je m’arrêtais et l’emmenais où il voulait. Un excellent moyen de faire des rencontres.
Le mont Athos en Grèce ! C’est une presqu’île interdite aux touristes où j’ai réussi à me faire inviter. Il n’y a que des moines et des pèlerins orthodoxes. Là, j’ai vécu avec les moines et randonné pendant 10 jours de monastères en monastères ! Sinon, j’adore la Réunion, et Petra, qui est sympa aussi ! Mais le mot « marqué » s’applique le mieux à Madagascar : on ne sort pas indemne de 10 mois là-bas. J’étais une autre personne en rentrant. En positif comme en négatif.
Extrait des carnets de voyage © photo credit : Bastien Dubois
Bonne question ! Je peux plus facilement tricher. Ce n’est que tardivement que j’ai découvert les joies de la photo et j’adore ça ! C’est sûrement pour cela aussi que je dessine moins… Mais bon, j’aime changer de média, je ne pense pas faire des carnets de voyages toute ma vie. Avant, je faisais des jeux vidéos, du web, du code… Depuis 10 ans, je fais de l’anim’, depuis 8 des carnets de voyages… À présent, j’aimerais me mettre à la prise de vue réelle (avec une caméra). J’ai aussi toujours rêvé de faire de la BD. Je ne veux pas me cantonner à un seul média, et je trouve le code tout aussi créatif et fascinant que le dessin !
En peinture, j’aime beaucoup la gouache : je peux la diluer pour faire des lavis comme l’aquarelle et couvrir comme l’acrylique, je peux revenir avec du crayon et c’est beaucoup plus fin que l’acrylique. Par contre, ça peut être pénible en cas de forte chaleur. À Madagascar, j’étais sur la côte Ouest, il faisait une chaleur abominable, je n’avais jamais vécu ça. J’essayais de faire une gouache, mais ma peinture séchait sur mon pinceau entre la palette et la feuille ! Sinon j’aime toutes les techniques, je change souvent. Pour ce qui est des techniques d’animation, en résumé, on utilise un logiciel 3D dans lequel on colle des bouts de dessin, sur les personnages ou les décors, puis on fait bouger tout ça : au final, le dessin semble s’animer !
Extrait des carnets de voyage © photo credit : Bastien Dubois
J’étais rentré de mon voyage à Istanbul depuis 3 mois et j’avais intégré une école de 3D. J’étais pas mal déprimé car après ces deux mois de liberté totale, passer 15 heures par jour derrière un PC dans une classe ou il y a 95% de mecs… J’étais tenté par l’idée de laisser tomber l’école. C’est alors qu’on nous a montré la technique décrite ci-dessus et qui m’a tout de suite fasciné. Je l’ai détournée et immédiatement testée sur l’un de mes dessins fait en Italie. Ce fut la révélation : je ferai des carnets animés ! Je me suis alors jeté corps et âme dans ces étude en sachant qu’elles me serviraient à faire mes films en voyageant, et non à devenir l’esclave d’une boîte de pub ou de jeux vidéo où je passerai 10 heures par jour derrière un écran. Bon, je passe quand même 10 heures par jour derrière un écran mais au moins, c’est pour la bonne cause !
Extrait des carnets de voyage © photo credit : Bastien Dubois
J’avais commencé un autre court-métrage d’animation, Cargo Cult, avant de débuter la série, que j’ai repris immédiatement après la fin de la production de la série. Il est terminé depuis un mois. Donc je suis très désœuvré. Enfin non, puisque je prépare une grosse exposition des peintures de la série pour le Festival international du film d’animation d’Annecy (10 au 15 juin) et j’ai plein de projets de films, courts ou longs, de séries, d’animation ou de prise de vue réel, de livres, de jeux vidéo, et même de sculpture. Et puis, pendant les trois ans durant lesquels j’ai fabriqué mon dernier film Cargo Cult et la série « Portraits de Voyages », j’ai continué à avoir des idées que j’ai notées, du coup, le barrage est sur le point de céder : par quoi commencer ?
Extrait des carnets de voyage © photo credit : Bastien Dubois