Festival d’Avignon : mes coups de cœur 2012

Par Émilie, reportrice pour le Guide Évasion à Avignon

Il y a quelques semaines, je vous livrais mes astuces pour profiter pleinement d’Avignon. J’avais insisté : 2 spectacles pour une journée, voire 3, mais pas plus. J’ai suivi mes propres conseils : 10 spectacles en 4 jours, 3 dans le « in » et 7 dans le « off ». Pourtant la tentation d’en voir davantage était grande : 1200 spectacles rien que dans le off ! Je vous livre, à peine rentrée, mon top 6.

N°6 : Maïakovski, Elsa, Aragon, ils se sont rencontrés à Paris

Maïakovski, Elsa, Aragon, ils se sont rencontrés à Paris met en scène, en français et en russe surtitré, le trio formé par les écrivains et raconte leur histoire depuis la rencontre à Moscou d’Elsa et de Vladimir jusqu’au suicide du poète en 1930. Révolution russe, débuts du surréalisme, chansons d’amour fou, on est immergé dans un univers passionné et enivrant.

Espace de conférence du in au cloître Saint-Louis      ©  Émilie Lézénès

N°5 : Roméo et Juliette, tragédie en chantier

Autre mise en scène bouleversante, ce Roméo et Juliette, tragédie en chantier joué au Golovine, excellent théâtre permanent d’Avignon. La pièce éternelle revisitée par une troupe de sept comédiens qui mettent leur énergie débordante au service tantôt du texte de Shakespeare tantôt d’une réécriture contemporaine. Farouchement déterminée à aimer puis à mourir, Juliette est particulièrement émouvante.

N°4 : Puz/zle

Puz/zle de Sidi Larbi Cherkaoui est porté par onze superbes interprètes, un chœur de six chanteurs corses aux voix puissantes et une sublime chanteuse libanaise. Le chorégraphe a conçu le spectacle pour la carrière de Boulbon, espace naturel exceptionnel parfait pour la danse, situé à 15 km d’Avignon. Cherkaoui questionne nos identités complexes, notre rapport à l’autre, souvent violent dans cette pièce chorégraphique aux accents douloureux. Quand les danseurs s’effondrent l’un après l’autre devant un mur où l’un d’entre eux a écrit « DAMAS », le silence se densifie côté spectateurs…

Pas facile de faire son choix !      ©  Émilie Lézénès

N°3 : Liebe Liberté

Dans Liebe Liberté de Gilles Schamber, encore au Golovine, les quatre danseuses réinventent le mouvement pour s’affirmer, dire « je », littéralement. Elles dansent d’abord isolément, puis se rejoignent dans des duos et des quatuors sensuels. Ce spectacle au décor extrêmement épuré est une véritable ode à la femme, sa grâce et sa force mêlées. Et Ewan McGregor himself est venu et a aimé !

N°2 : Cyrano 1897

Me voilà dans un minuscule théâtre du « off ». Edmond Rostand est angoissé, la première de Cyrano a lieu dans deux jours et il pressent un accueil catastrophique… Il réécrit certaines scènes et convoque l’acteur qui interprète le héros au panache légendaire. À trois, avec son épouse Rosemonde, ils jouent les scènes principales de la pièce. Quel plaisir et quelle émotion d’entendre, grâce aux trois comédiens d’une extrême justesse de ton, les vers merveilleux qui racontent cet amour doublement impossible…

Façade du cloître des Carmes, le lieu de spectacle du « in »      ©  Émilie Lézénès

N°1 : La Mouette dans la cour d’honneur du palais des Papes

Tchekhov a écrit un texte universel, et c’est ce qu’Arthur Nauzyciel nous fait ressentir dans cette mise en scène de La Mouette. Il signe un spectacle ultramoderne avec sa scénographie dépouillée, ses passages chorégraphiés, la diction non réaliste des acteurs, les costumes uniformément noirs. Cette esthétique singulière pourrait rebuter, elle m’a happée. Les comédiens, extraordinaires, vibrent corps et âme. Un moment magique.

Petit bonus

Ma découverte 2012 : Lars Noren, dramaturge suédois contemporain aux dialogues grinçants

Ma rencontre 2012 : cette directrice de théâtre venue faire sa programmation, qui à la terrasse d’un restaurant m’a recommandé une dizaine de spectacles que je n’ai évidemment pas eu le temps d’aller voir… Espérons qu’ils passeront à Paris ou en province…

     ©  Émilie Lézénès

A l’année prochaine