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Rencontre avec Pierre Fourcade, de l’asso SAKADO

Rencontre avec Pierre Fourcade, de l’asso SAKADO

Mis à jour le 26 novembre 2018 | ,
Publié le 17 novembre 2012

Bonjour, pouvez-vous vous présenter ?

Bonjour, je m’appelle Pierre Fourcade, coordinateur de l’association SAKADO. J’ai 26 ans et suis originaire des Hautes-Pyrénées.

Je pense avoir très tôt trouvé ma voie : ma chambre d’enfant avait pour seule décoration un immense planisphère, devant lequel je pouvais rester des heures à me demander où je partirai en premier. J’ai donc orienté mes études afin de relier mes deux passions : le voyage et la solidarité.

J’ai effectué un BTS Tourisme puis une licence professionnelle en Aménagement de projets touristiques durables. J’ai entre temps effectué deux voyages d’un mois au Ghana (dont un stage avec une agence de guides, avec qui je travaille maintenant). Malgré d’autres voyages sous d’autres contrées (Bulgarie, Maroc, Pérou), le Ghana a agi sur moi tel un aimant.

En 2010, je créais l’association SAKADO, avec deux amis issus des mêmes études et ayant les mêmes points de vue au niveau du tourisme et effectuais un voyage d’un an au Ghana, Togo et Bénin.

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Bateaux de pêcheurs au Ghana
photo credit: Stig Nygaard via photopin cc     

Que est le but de votre association SAKADO ?

L’objectif de SAKADO est de promouvoir une manière de voyager alternative, où la solidarité est l’affaire de tous les jours, où l’immatériel reprend tout son sens, où le respect et la compréhension par l’échange est source de bonheur et de liberté.

Maintenant, nous travaillons sur deux volets. Le premier : organiser des voyages responsables et solidaires au Ghana, Togo et Bénin. Le second : développer et promouvoir des projets de tourisme communautaire.

Concernant les voyages, nous avons créé une large gamme de circuits sur différents thèmes, que nous pouvons adapter aux attentes des voyageurs, tant au niveau des dates que des activités ou de la durée. Pour susciter une approche plus authentique, réaliste et sincère, nous séjournons, autant que possible, chez l’habitant, partageons le quotidien des familles et des villageois, lors de séjours d’immersion. Nous voyageons en groupe restreint (8 personnes maximum, jusqu’à 12 s’il y a des enfants). Nous voulons vraiment favoriser la rencontre et l’inter-culturalité. Nous proposons à nos voyageurs de participer à des moments de troc de savoir. Le but est de transmettre une connaissance ou une compétence avec les locaux et créer un réel échange.

Nous préférons nous appuyer sur une bonne préparation au voyage avec nos voyageurs et travailler directement avec nos partenaires locaux que d’envoyer un accompagnateur de notre équipe. Ceci profite aussi directement aux voyageurs qui bénéficient de tarifs moins élevés et cela crée également des liens durables entre notre association et ses membres-voyageurs.

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Femmes ghanéennes
photo credit: okrahoma via photopin cc     

Qu’est ce que le tourisme communautaire, concrètement ?

Le tourisme communautaire, c’est tout simplement lorsque l’activité touristique est autogérée  par la communauté. Ce sont les locaux qui sont à l’initiative et à la gestion des projets de tourisme et de développement. Un comité de tourisme va décider la répartition des recettes et une part sera redistribuée sur un fonds de développement commun, qui permettra ensuite de développer ou subventionner des actions pour le bien commun, selon les priorités des villages. Cela apporte une diversification des métiers et des revenus supplémentaires. En outre, le tourisme n’est jamais l’activité principale de la communauté et ne doit pas être l’économie vivrière. Il permet de revaloriser la culture, l’environnement et le lien social. Ainsi, de nombreuses actions de préservation des écosystèmes, de réduction des déchets, d’amélioration des conditions hygiéniques et de sensibilisation sont mises en place. Des groupements de femmes ou d’artisans se créent, des troupes de danse et des groupes de musique se reforment. Le tourisme communautaire est un levier pour la revalorisation de la culture, tout en se préservant de tomber dans l’écueil de la folklorisation.

Pour le voyageur, c’est l’occasion de partager au plus près la vie des populations locales, d’aller à la rencontre et de s’imprégner d’une culture différente. Ils partagent la vie quotidienne de leurs hôtes, créent de vrais liens et découvrent de nouveaux territoires, traditions, coutumes…

Le Ghana, le Togo et le Bénin sont trois destinations écartées des problèmes liés au tourisme de masse et à l’inverse, de nombreuses initiatives de tourisme communautaire sont mises en place. Nous organisons nos voyages et aidons à la pérennisation de ces initiatives en leur rendant visite.

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Ici, pas de tracteur !
photo credit: Gates Foundation via photopin cc     

Quel était le but de votre voyage ?

J’ai effectué un voyage d’un an à pied et en transport en commun sur ces trois pays frontaliers. Les objectifs étaient d’aider à la mise en place de projets de tourisme communautaire, tout en parcourant en profondeur les trois pays afin de les connaitre le mieux possible et être capable de proposer des voyages solidaires sur mesure et se positionner en tant que seul spécialiste de ces destinations. Le but était aussi de trouver mes partenaires de travail. Sans eux, SAKADO ne pourrait exister.

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Costumes traditionnels béninois
photo credit: Dietmar Temps via photopin cc     

Avez vous des anecdotes à nous raconter ? Des belles rencontres ?

En un an de voyages, les anecdotes et les belles rencontres se comptent par dizaines. Mais une m’a plus marqué. J’exposai mon projet aux dirigeants du parc national de Kyabobo au Ghana, dans la région Volta, à la frontière avec le Togo. Ils me donnent alors un dépliant concernant trois villages autour du parc installés en tourisme communautaire. Kyilinga, un des trois villages est ni plus, ni moins, le village le plus reculé du pays. Je n’hésite pas une seconde à m’y rendre. Il faut trois heures à l’aller à travers les montagnes boisées, pour rejoindre le village. On traverse un village inédit, construit en terrasse. Un régal pour un marcheur !

Finalement, je passai une semaine au village, je reçus le plus chaleureux des accueils. Je découvris le vrai fonctionnement communautaire, rencontrai des personnes formidables, au grand cœur, très solidaires. Une immersion, loin de tout dans ce microcosme africain. Je ne détaillerai pas tout ce que j’ai vécu là-bas. Mais la chose inouïe, c’est que j’étais le premier touriste à passer par le village, qu’aucun villageois n’était au courant des projets de tourisme communautaire et quelle surprise lorsque je présentai le prospectus aux villageois, personne n’avait connaissance d’un tel projet, certains se reconnaissent sur les photos, éberlués ! Ou bien le prospectus n’est pas distribué, ou les voyageurs manquent de curiosité, ou quelqu’un (mais qui ?) est passé un jour et a estimé seul que le projet était viable en lui-même… L’affaire est peu commune ! Le serpent se mord la queue ! La publicité existe, reste à initier le projet !

Je suis donc resté et suis revenu plus tard dans ce village pour les aider à se structurer en tourisme communautaire. Ce n’a jamais été aussi facile de l’instituer, tant les habitants forment une vraie communauté solidaire.

Maintenant, Kyilinga est une destination inédite proposée par SAKADO.

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Une salle de classe togolaise
photo credit: Panoramas via photopin cc     

Comment peut-on faire du tourisme communautaire ? Avez-vous un site internet ?

Oui, nous avons un site Internet : www.voyagessakado.com . On y trouve notre offre de circuits, nos chartes et notre vision du voyage. Tout est dans notre brochure téléchargeable sur le site.

Tout le monde peut faire du tourisme communautaire. Il suffit de se renseigner sur ce genre de structures auparavant, ou bien passer par SAKADO. Il s’agit de structures réceptives, ouvertes toute l’année, où la simple présence des touristes et leur participation à des activités permet de participer au développement du village.

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photo credit: ~MVI~ (cebu-ing) via photopin cc     

Quels sont vos projets dans l’avenir ?

Nous voulons développer SAKADO, qui n’existe en tant que voyagiste que depuis début 2012. Tout nos voyages sont inédits et sont le fruit de notre expérience. Les premiers voyageurs sont certains de recevoir un accueil très chaleureux, authentique.

Nous voulons également développer deux projets de tourisme communautaire par pays et continuer de promouvoir cette manière de voyager :

– Au Ghana : développer le  tourisme communautaire aux abords du Parc National de Digya dans les Afram Plains (Eastern region). En premier lieu : effectuer un état des lieux complets, évaluer tous les potentiels, concerter les populations. En second lieu : développer et promouvoir des infrastructures d’accueil du parc et des villages alentours.

Projet de mise en place de chemins de randonnée reliant Liate Wote, Likpe Todome, Tafi Atome, Tafi Abuife, Amedzofe, Logba Tota, Logba Alekpeti en région Volta. Aménagement de chemins pédestres et de zone de bivouac, formation de guides, fonctionnement par roulement…

– Au Togo : appuyer les communautés d’Agbanakin dans la région maritime, Agnedi et Tokpli dans la région des plateaux, à développer leur programme de tourisme communautaire. Assainissement du milieu de vie, campagne de protection de l’environnement, installation de la structure de gestion et d’accueil, renforcement des capacités des groupements de femmes et d‘artisans, formation au guidage, renforcement du couvert végétal.

– Au Bénin : à Bohicon, Houawé Zounzonsa, Yokon et Cana (Département de Zou), développer un circuit pédestre et cycliste reliant les différents sites, promotion des richesses historiques locales, aménagement d’un jardin botanique et développement autour du village souterrain d’Agongointo. Apport de solutions écologiques. Formation à l’accueil et au guidage.

– À Avrankou (département de l’Ouémé) : développer un projet de tourisme communautaire autour de la religion Vodùn, de la transformation de produits du palmier, de la vannerie, de la fabrication de tambours, djembés et de la découverte de l’environnement local, développer le logement chez l’habitant, une coopérative d’artisanat…

Nous sommes une association indépendante et ne bénéficions d’aucune subvention. Les personnes intéressées par nos projets peuvent nous soutenir par le biais du site de production communautaire Kisskissbankbank.com.

Merci et à bientôt !

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Maisons togolaises
photo credit: Guillaume Colin & Pauline Penot via photopin cc     

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