
Mis à jour le 26 juin 2018
| Guide Evasion , rencontres
Publié le 28 avril 2012
Pendant 13 mois, nous avons donné le meilleur de nous-même, pour que Madère, la nouveauté Guide Évasion 2012, soit parfaite. Une fois la besogne achevée, nous avons tiré à la courte-paille : qui allait assister à sa naissance, chez l’imprimeur ? Roulement de tambour… Le sort m’a désignée.
4 h 45. Mon réveil sonne. D’habitude, avant 5 h du matin, ma conscience professionnelle est au stade embryonnaire. Mais aujourd’hui, tout est différent, et je saute avec entrain hors de mon lit (enfin, presque).
6 h 30. Je retrouve Caroline, la fabricante d’Hachette Tourisme, dans la salle d’embarquement de l’aéroport. En jargon d’édition, une fabricante, c’est une polyglotte. Car l’imprimeur, il parle un langage très très technique. Nous les éditeurs, on veut simplement que le livre conçu tout beau sur notre ordinateur rende pareil sur papier… mais on ne sait pas trop quelles machines il faut actionner pour ça. Caroline, elle parle couramment l’éditeur et l’imprimeur. Surtout, ne pas la perdre.
7 h. L’avion décolle, direction Barcelone. Petits plaisantins, ne pensez pas que chez Hachette, on va se balader au soleil sur les Ramblas quand on imprime un bouquin. Non, je serai dans un énorme hangar, dans une zone industrielle, toute la sainte journée. Mais pour la bonne cause.
10 h. Dès notre arrivée chez l’imprimeur, on enfile des chaussures de clowns. C’est pour protéger nos orteils, si jamais une ramette de papier tombe dessus. Et là, avec une démarche pleine de grâce, on s’achemine vers la première giga-imprimante (giga car elle ne rentrerait pas dans mon salon).
10 h 30. Quand on arrive, le verso de la couverture est en train de voir le jour.
Le résultat est plutôt réussi, mais dans la famille Evasion, on est exigeant. Le relief sur les cartes ne me semble pas assez contrasté. Grosso modo chers lecteurs, vous risquez de vous engager dans une rando de haute montagne avec l’intention de flâner dans un plat pays. Mon sang ne fait qu’un tour, je pense à vos mollets endoloris :
« – Caroline, c’est possible de faire en sorte que les plaines se différencient bien des montagnes, sur la carte ? (langage éditeur)
– Oui oui, on va pousser le mage (langage imprimeur). »
Sur le tableau de bord – qui a probablement inspiré George Lucas pour Star Wars –, l’imprimeur actionne la commande adéquate.
14 h. Cap vers une autre imprimante king-size, qui vient de cracher deux immenses feuilles intérieures de Madère, mesurant plus d’1 m de large sur 1 m 50 de long ! Et de chaque côté de ces feuilles, 56 pages sont imprimées, dans un ordre qui pourrait sembler anarchique… Mais un livre, c’est aussi un pliage, et par chance l’imprimeur est expert en origami.
Pour vérifier l’impression de chacune des photos, on met le Cromalin juste à côté, et on règle la machine pour que ça rende pareil. Mais un Cromalin, késako ? Un Cro-Magnon malin ? Un gros mâle, hein ? Non, c’est le tirage d’une photo qu’on a retouché pour vous faire rêver. Bon, on n’a pas triché non plus, on n’est pas des brigands. La Madérienne en costume folklorique n’aura pas les mensurations d’Adriana Karembeu, désolée messieurs. Mais ce sentier moussu qui semblait trop sombre par manque de lumière ? Hop, on l’éclaircit un peu. Ça vous évitera de penser que vous randonnez dans une forêt hantée.
16h. On engloutit quelques tapas, histoire de faire couleur locale, et on file ventre-à-terre vers l’aéroport.
1 mois plus tard… je feuillette un guide Evasion Madère, tout frais livré. Et même moi, il me fait rêver.