
Mis à jour le 30 novembre 2018
| Chypre , îles de méditerrannée
Publié le 1 août 2011
340 jours de soleil par an. C’est tentant. C’est même l’argument choc des dépliants touristiques qui veulent faire de Chypre une destination balnéaire majeure. Mission accomplie semble-t-il, à voir les foules – des Britanniques en majorité -, qui se pressent dans les stations de bord de mer. Mais pour fréquenter Chypre depuis deux décennies, je sais que l’île conserve un secret : ses montagnes.
Chalets de bois, forêts de conifères, la fraîcheur des matins même au cœur de l’été : bienvenue dans les montagnes chypriotes. La capitale : Platrès, qui depuis l’époque britannique fait figure de station d’altitude. Et même de ski : en hiver, la couche de neige est suffisante pour satisfaire les aficionados de la glisse au pays d’Aphrodite. C’est bien le moins pour une île dont le point culminant est le mont Olympe. Pour l’heure, je fais comme la troupe de randonneurs avec qui j’ai passé la soirée au coin du feu : charme douillet de l’hôtel New Helvetia conservé dans son jus des années 1930 avec ses boiseries et sa façade de pierre et de bois qui ne déparerait pas dans un village d’altitude suisse. Chaussures de marche, alpenstock, carte en main, nous sommes prêts à partir à l’assaut des montagnes.
Pour une entrée en matière, rien de tel que le parcours botanique aménagé près du centre d’information : un sentier balisé présente une trentaine des espèces végétales emblématiques de Chypre. Au cœur de la montagne chypriote, le massif du Troodos est un parc naturel protégé d’environ 2 000 ha. Un paradis pour les amoureux des plantes avec près de 2 000 espèces végétales dont 140 ne se trouvent que dans l’île. Parmi elles, de nombreuses variétés d’orchidées. C’est dans ce centre d’information que l’on vous mettra sur la piste des deux plus grands timides de l’île, le cèdre et le mouflon.
Il y a quelques années encore, il me fallait emprunter une piste qui se faufilait entre les plis des montagnes et les forêts jusqu’au secret de la Vallée des Cèdres. Un parfum d’aventure disparu après le passage d’une belle couche de goudron. On gagne en temps – et en risque de crevaison – ce que l’on perd en pittoresque. Mais au bout de la route, la merveille est intacte : quelques 130 000 cèdres majestueux, une espèce cousine de celle du Liban avec qui elle partage ses larges ramures horizontales, ses teintes gris vert teintées de bleu et son parfum entêtant. Particulièrement lors de la floraison qui survient en automne contrairement aux autres conifères qui s’épanouissent au printemps. Dans un virage, une petite aire de stationnement permet de mettre pied à terre et de descendre au cœur de la vallée.
Pour découvrir l’animal emblématique de l’île, cap sur Stavros tis Psokas, la station forestière où une escouade de gardes forestiers veille sur les trésors naturels de l’île. Et sur l’animal emblématique de l’île, l’agrino, autrement dit le mouflon. Un mouton qui a choisi la liberté après avoir été introduit sur l’île aux temps préhistoriques. Et qui a prospéré : un animal aux puissantes cornes recourbées dont le mâle dépasse les 50 kg. Il vit en petits groupes, dans les endroits les plus reculés de la montagne. Tout juste consent-il à descendre vers les vallées lorsque la neige recouvre ses pâtures. Difficile à approcher donc ; je vais néanmoins tenter ma chance dans l’enclos aménagé à Stavros tis Psokas pour faciliter la reproduction : une grimpette facile par le raidillon ombragé qui longe la clôture. Une règle donc : le plus grand silence. En ce matin frisquet, j’ai de la chance, aucun autre randonneur en vue. Et la récompense suprême, les cornes d’un beau mâle entrevues derrière un taillis.
Seuls des Britanniques pouvaient avoir eu cette idée généreuse : créer un hospice pour les vieux ânes de Chypre. Mis au rencart par les pick up et autres véhicules tout terrain, beaucoup terminaient tristement leur existence, laissés à l’abandon par leurs propriétaires. Emu par cette triste fin, un couple de résidents britanniques décida d’offrir un home aux ânes de Chypre. Richard Davies, carrure de deuxième ligne de rugby, teint rubicond, fait les honneurs du domaine situé à Vouni sur le flanc sud du Troodos. De ces mains en battoir, il flatte un à un sa cinquantaine de pensionnaires qu’il connaît chacun par son nom. Narky, le plus âgé, est plus que quinquagénaire, un record pour un âne. Et puisqu’il faut bien s’occuper de tous ces pensionnaires au quotidien, appel est fait aux bonnes volontés. Les voisins anglais d’abord, mais aussi les visiteurs de passage qui peuvent même conduire les ânes pour leur promenade quotidienne. Un régal pour les enfants, « most welcomed ».
François
le 1 août 2011 :
Bonjour,
Bel article qui donne très envie d’aller y faire un tour.
A bientôt
François