
Mis à jour le 3 janvier 2020
| Ile de la Réunion
Publié le 2 juin 2014
Exotiques et pittoresques aux yeux du Zoreil fraichement débarqué, compagnons du quotidien pour les habitants de la Réunion, 10 objets emblématiques d’une nation créole arc-en-ciel que chacun croisera forcément au cours de son voyage.
« La Dodo lé la ! » confirme le slogan de la marque de bière, peint aux couleurs rasta (vert-rouge-jaune) sur la plupart des épiceries-buvettes de la Réunion. A l’origine était la « Dodo pils » à l’effigie du nonchalant volatile victime du coup de fourchette des premiers habitants de l’île. Son nom de baptème, troqué dans les années 60 contre celui de « bière Bourbon », reste aujourd’hui encore dans les habitude de cette île friande de « petits noms gâtés » (surnoms). Bref, la Dodo pour l’éternité.
C’est l’accompagnement favori de la Dodo. Une bouchée à la vapeur (au porc en général) d’origine chinoise devenue, avec le samoussa indien et le bonbon piment, le tiercé favori de l’apéro réunionnais. Le bouchon (routier) est aussi une des grandes spécialités de la capitale Saint-Denis, qui en offre quotidiennement à tous ceux qui viennent y travailler en voiture.
Rien à voir avec le « matelot spécialisé dans les voiles » dont nous parle le dictionnaire puisqu’il s’agit d’un néologisme formé à partir du terme GAB (guichet automatique bancaire). Ici, pas de distributeurs de billets donc, mais des « gabiers », qui se sont répandus jusque dans les petits bourgs des Hauts.
C’est le surnom (par analogie de forme) de la petite flasque (20 cl) de rhum Charrette, le rhum blanc industriel qui inonde les boutiques et les buvettes de l’île. En verre autrefois, en plastique aujourd’hui, il remplace de façon plus individualiste le petit coup de sec qu’on vient boire, grand matin, à la buvette d’une épicerie de quartier. Stigmatisée par les pouvoirs publics en tant qu’instrument de l’alcoolisme de masse dans le département, la flasque a failli disparaître de la circulation en 2008, avant d’être sauvée en tant que « patrimoine local ».
Un objet de « culture », tant la canne à sucre fait partie du paysage local et a profondément modelé l’identité réunionnaise. Couper le précieux roseau comblera l’homme des bois autant que le jardinier. Un objet à tout faire bien qu’il soit trop souvent lié à la rubrique des faits divers. Ici, les différends, sous fond d’alcool, se terminent souvent à coups de sabre et de « 32 Dumas » (marque déposée standard de l’outil agricole), lesquels sont souvent posés sur la table des pièces à conviction des Cours d’assises.
Avec le rouleur (gros tambour sur lequel le joueur est assis), c’est l’instrument qui incarne l’âme du Maloya réunionnais. Il transporte en lui toute l’histoire de l’île et l’héritage des esclaves des plantations de cannes à sucre. Ce sont eux qui ont construit ces premiers « hochets en forme de radeau » avec ce qu’ils trouvaient dans les champs : du bois pour le cadre et des tiges de fleur de canne remplies de graines. Ne reste plus qu’à bien secouer !
Les petits oratoires rouges qui fleurissent en bord de route (quelque 350 recensés sur l’île) retiennent forcément l’attention. En s’approchant, on y découvre la statuette d’un drôle de saint aux allures de légionnaire romain. Un martyr chrétien oublié par l’église, mais pas par la piété réunionnaise, qui l’importe dans les années 1930 pour en faire un « ti bon dieu », exauçant vite et bien. Saint Expédit, priez pour nous !
Instrument essentiel de la cuisine réunionnaise, la marmite peut s’envisager comme une métaphore de l’île. Modèle de la diversité culturelle, le réceptacle privilégié du rougail, du carry, du civet et autres massalés, fait chanter dans une même sauce les origines multiples des habitants de l’île. Ces marmites en fonte de fer étincelantes s’empilent dans la « boutique chinois », avant de finir culottées et noircies sur les feux de bois de nombreuses cases et tables d’hôtes des hauts, pour un cari au fumet incomparable.
Plate ou ondulée pour plus de solidité, les plaques de métal ont conquis la Réunion comme les autres pays de vent et de soleil. Sur un abri de fortune ou une pimpante case créole, la tôle a largement remplacé la paille de vétiver ou les bardeaux de bois traditionnels. Mais l’ingéniosité locale a su atténuer sa froide rigueur mécanique en la ciselant en ces fins lambrequins qui bordent de leurs festons la plupart des avant-toits créoles.
La plus démocratique des chaussures locales. Alors que le métro(politain) sort ses tongs ou ses claquettes une fois débarqué sous les tropiques, le créole porte la « savate » au quotidien. Savate de Yab (petit créole blanc des Hauts) en plastique bleu ou vert caoutchouté ou savate de surfeur haut de gamme à semelle épaisse et sangle textile siglée…mais savate-deux-doigts quand même. Tout en made in China. Montre moi tes savates, je te dirai qui tu es !
Palaeksa
le 4 juin 2014 :
Sympa ! Mais pourquoi des bonbons piment pour illustrer le mot « bouchon » ?