Mis à jour le 10 janvier 2020
| Food & coutumes , Ile de la Réunion
Publié le 28 mars 2012
Par Geoffroy Morhain, auteur du guide Évasion Réunion
La Réunion n’a pas attendu que la street food devienne tendance pour inventer le camion-bar et proposer une cuisine de rue multiculturelle. D’une grignoterie à une barquette, récit d’une balade gourmande sur le pouce, qui raconte aussi les racines de cette terre créole métissée.
Par une belle matinée de samedi, je commence généralement au marché de Saint-Paul, avec une poignée de ces petites grignoteries qui vont si bien avec l’apéro : samoussas indiens farcis aux mille saveurs (bœuf, poulet, poisson, crabe, crevette, légumes, fromage…), bonbon piments (boulette de purée de pois du Cap rehaussée de curcuma, oignons verts et piments zoizo) à l’ardeur plus africaine, beignets de crevettes chinoisants… élevés en monticules d’or sur les étals forains, tout chaud sortis des bassines à frire installées au cul d’une 404 bâchée.
Les mains pleines, on s’installe tranquillement sur la terrasse d’un camion-bar qui borde le marché et domine la vaste baie de sable noir. « Une Dodo (1) s’il-vous-plaît. » Et c’est parti pour un petit moment de bonheur, sinon à la santé du volatile souriant sur l’étiquette, à sa mémoire au moins. Et comme l’appétit vient en mangeant, je craque pour quelques bouchons supplémentaires (des bouchées à la vapeur, au porc ou à la crevette, parfois parfumées au combava) servis avec sauces siave (soja) et piment. Voire quelques tranchettes de sarcive (échine de porc laquée) piquées au cure-dent dans une coupelle…
A midi, pique-nique à la plage. Au menu : « poulet mazout » ! Sous cette appellation peu ragoutante se cache en fait un excellent poulet vendu sur les bords de route, mariné puis grillé à la crapeaudine (ouvert en deux) sur un barbecue, souvent un ancien fut de carburant (d’où son nom) coupé en deux dans le sens de la longueur.
Ceux qui n’apprécient pas trop le régime poulet-chips-sable se rendront au camion-bar le plus proche pour récupérer leur ration de plat chaud en barquette plastique. Certes, le contenant n’est pas des plus sensuels, mais c’est le contenu qu’on mange. En plus du traditionnel « gazon de riz », des grains (lentilles ou pois du Cap) et du rougail (tomate, citron ou autre) pour les amateurs de piment, le choix est plus ou moins vaste : caris réunionnais (poulet, espadon, canard…), rougail boucané (lard fumé), pintade au combava (petit agrume à la peau très parfumée), civet zourite(poulpe)… avec la plupart du temps une alternative d’inspiration chinoise (poulet sauce d’huître, chop-suey..) ou indienne (cabri massalé).
Autant dire qu’après ça, on a plus envie d’un sorbet à la mangue ou au citron vert que d’une part du traditionnel gâteau patate (un genre de clafoutis compact à la patate douce qu’on préfèrera au petit déj). Tout comme les bonbons cravate (gâteaux frits au sirop de miel rappelant les pâtisseries orientales) ou la rouroute (à base de fécule d’arrow-root) qui me font à chaque fois envie derrière la vitrine à douceurs de la boutique du chinois d’à côté.
(1) Surnom de la bière Bourbon, la blonde la plus populaire de l’île, dont le logo représente un dodo (dronte de Maurice, espèce d’oiseau disparue à la fin du XVIIe s.).
Et vous vous avez déjà mangé de la street food sympa à la Réunion ? Racontez-nous dans la partie commentaires !
Une bonne dodo sous la paillote !
Jean
le 29 mars 2012 :
Ca donne faim tout ça !