
Mis à jour le 2 janvier 2020
| flandre
Publié le 20 octobre 2014
D’Ostende en Belgique, je ne connaissais que sa réputation de station balnéaire en mer du Nord avec son port de pêche, ses grands immeubles en front de mer, sa longue plage de sable fin, ses embruns et ses cafés bruns. Ce que j’ignorais en revanche, c’est qu’elle fut le refuge d’un des plus grands artistes de la soul music, l’inégalable Marvin Gaye. Et quand on sait que sa chanson la plus célèbre, la très torride Sexual Healing, fut composée dans la fraîcheur Ostendaise, on a forcément envie d’en savoir plus. Suivez-moi sur les traces d’un génie !
Tout commence en 1981. Marvin Gaye est dans le creux de la vague. Son dernier album In our lifetime est un échec commercial. Sa maison de disque, la mythique Motown de Détroit le congédie à cause de relations trop conflictuelles. Criblé de dettes et accro à la cocaïne, l’artiste a la tête sous l’eau. C’est son vieil ami Freddy Crousaert qui le fera remonter à la surface. Installé pendant dix-huit mois à Ostende, loin des tentations nocives de Los Angeles, il composera l’album Midnight Love, son plus grand succès. Une pépite !
« Je suis un orphelin et Ostende est mon orphelinat ». (Marvin Gaye, 1981)
Arrivé en trombe sur la plage, le thermomètre peine à dépasser les 15°. Je ne suis pas d’une nature frileuse mais ici le vent ne fait pas de cadeaux. Emmitouflé dans mon écharpe, j’assiste abasourdi au rituel matinal d’un Ostendais plongeant la tête la première sous l’eau. Pour ma part je remettrai la baignade aux beaux jours. Marvin Gaye aimait se balader en front de mer à la recherche d’inspiration. Il faut dire que l’estacade offre son lot de curiosités. À l’ouest, le palais des thermes, de style Art déco et les Galeries vénitiennes en colonnade où sont exposées des photographies d’Ostende à la façon pop’art. À l’est du casino, on retrouve l’œuvre Rock Strangers de Arne Quinze (de drôles de sculptures rouges), le monument des péris en mer ou encore le navire Amandine, qui après ses diverses expéditions en Arctique s’est amarré au port pour devenir un musée interactif.
Les Ostendais ne sont pas dupes. Le climat plutôt frisquet pousse les restaurateurs et barmans du font de mer à trouver des noms d’établissements ensoleillés (Petit Nice, St Tropez, etc.). Mais c’est au Floride qu’il faut se rendre pour retrouver l’esprit de Marvin Gaye. C’est bien simple, Marvin a vécu près d’un an au quatrième étage de la Résidence Jane, au 77, alors que la taverne occupe le numéro 81. Loin des nightclubs de L.A et de ses tentations destructrices, le chanteur trouvait dans cet établissement une certaine tranquillité. Je m’installe donc en terrasse de ce bar qui ne paye pas de mine. Seules quelques photos au mur rappellent la présence de la star américaine. Je commande une Keyte (7,7°), une petite blonde -presque dorée- typiquement Ostendaise. La bière est aussi fraîche et la sensation de bonheur, immense. Un Orval* plus tard, me voilà prêt à braver à nouveau le souffle glacial de la mer du Nord.
*La bière Orval a la particularité de prendre un pronom masculin. Mieux, elle s’accorde. Un Orval, des Orvaux !
Le quartier du « Petit Paris » est assez déroutant. Les maisons de la Belle Epoque, toutes colorées, font davantage penser à Londres qu’à notre bonne vieille capitale. De même que le parc Leopold, à proximité, a tout du charme anglo-saxon. Pas le temps de se prélasser sur le gazon, rendez-vous au Koninginnelaan, les anciennes écuries royales datant de 1900. On y retrouve aujourd’hui un club multisports tout à fait particulier. Dans la cour, le terrain de basket où Marvin shootait à trois points et à quelques mètres le Flandria Boksclub où il fut licencié. Je continue vers le Langestraat, la rue la plus animée d’Ostende. A l’époque se trouvait The Grove, le bar de Freddy Cousaert, un temple de la soul et du funk. Aujourd’hui, on perpétue la tradition des nuits agitées à l’Hemingway, au Switch, au Lafayette et même à l’Excuse. Les rues perpendiculaires sont tout aussi enthousiasmantes. Les grandes enseignes se retrouvent sur Kappellestraat et à WitteNonnenstaat tandis que la galerie Ensor propose une diversité de boutiques tout à fait admirable. Pendant ce temps là au GroentenMarkt, la fête foraine bat son plein. Les gaufres belges font leur entrée en piste tandis que la sono ose du Vengaboys. Pour écouter du Marvin, on repassera !
Les premiers rayons de soleil commencent à se montrer timidement quand je pénètre dans le fameux Kursaal. Pour accéder au casino, il faut être répertorié dans le fichier client. Ca prend deux minutes, c’est gratuit et la barmaid offre même une meringue à la noix de coco. C’est le plus grand casino de Belgique. Deux-cent machines à sous, une salle de concert où fut tourné le clip de sexual healing et un restaurant. C’est d’ailleurs dans les cuisines que Marvin se lie d’amitié avec le chanteur Arno, à l’époque derrière les fourneaux. Ensemble, ils revisitent la cuisine flamande et créent le soulfood. Le 4 juillet 1981, Marvin se produit devant une salle à moitié vide. Si tous les gens promenant leur chien sur l’estacade étaient venus, il aurait sûrement joué à guichet fermé. Mais qu’importe, son album se vendra à plus de 2 millions d’exemplaires dans le monde et il remportera un Grammy Award. Tout est bien qui finit bien ! Sauf pour moi… une gigantesque averse m’attend à la sortie. Comme je vous disais, la roue tourne très vite au casino d’Ostende !
Marvin Gaye Midnight Love Digital Tour : Réservation à l’office de tourisme d’Ostende. 5 € la location de l’Ipod contenant un circuit touristique, des reportages d’époque et un plan de ville détaillé.
deblaere josiane
le 5 mars 2016 :
j’aime telle ment cette chanson je me souvient en belgique ses la ou il y avait plein de gens .j’aurais bien voulue le rencontrer Marvin