
Par Annie Crouzet, auteure Évasion
L’Irlande a ses greenways, voies vertes réservées aux cyclistes, joggers et autres promeneurs. Dernière en date : celle qui court dans le sud-est entre Waterford et Dungarvan. Une belle promenade à vélo, bucolique et historique. Étapes de rigueur, tuyaux… : on vous dit tout. En selle !
C’est la greenway la plus longue à ce jour en Irlande : 46 km. Aménagée sur l’ancienne ligne de chemins de fer, Waterford-Dungarvan-Lismore, qui a fonctionné pour tout ou partie entre 1878 et 1987, elle comporte onze ponts et trois viaducs dont un viaduc-qui-enjambe-une-route-qui-enjambe-une-rivière. Sans compter un tunnel atmospheric (sic) et des vues époustouflantes sur la mer. On peut n’en faire qu’une partie, dix parkings étant disséminés le long de la voie.
Notre bonne adresse : on peut même trouver un hébergement en chemin comme le Dawn, un B&B sympathique.
La greenway a ses loueurs de vélos, qui se répartissent sur quatre sites, Waterford, Dungarvan, Kilmacthomas et Durrow. Des e-bikes, vélos à assistance électrique, y sont même disponibles (vous les apprécierez, l’itinéraire étant majoritairement constitué de faux-plats). Et, génial, le retour du vélo et de son locataire par navette peuvent être inclus dans le prix (20 € la journée pour un adulte, 10 € pour un enfant, mais 45 € pour un e-bike) !
Notre bonne adresse : le loueur de vélos Waterford est à 50 m de l’hôtel que nous avons choisi, le Treacy’s, sur Merchant’s Quay.
En selle ! La greenway sort de Waterford en longeant la vallée de la Suir et ses ajoncs en fleurs. Premier stop entre Killoteran et Kilmeaden, à 7 km environ de Waterford. On ne veut pas rater les jardins de Mount Congreve, ses milliers de rhododendrons et ses centaines de camélias. Ils sont particulièrement en beauté à la fin du printemps et au début de l’été. On croirait se balader dans un tableau de Monet. En Irlande, la passion pour les jardins n’est pas une légende !
À savoir : l’entrée est bien signalée sur la greenway, mais il faut laisser son vélo au café.
On croise un petit train, vintage comme il n’est pas permis, qui reprend du service entre mai et septembre. La piste bitumée s’engouffre dans un tunnel aux couleurs flashy sous la N25 Waterford-Cork. Elle n’est pas si mostly flat (plate en grande partie) que ça ! Ouf ! Kilmacthomas, au pied des Comeragh Mountains, est en vue : nous sommes donc en milieu de course, au 24e km. Le viaduc, qui survole la rivière Mahon, attendra, car on a l’estomac dans les talons. Le Coach House Coffee, à Kilmacthomas, a installé ses pénates dans une ancienne workhouse (1850) de la Grande Famine, où les indigents devaient fournir travail contre une maigre pitance.
Bon à savoir : pour le train, la gare est à Kilmeaden.
Entre Kilmacthomas et Durrow, la Cloughlowrish Stone est un must pour tous les amateurs de chasse aux trésors. La légende veut que cette très grosse roche serait capable de dénoncer un menteur, en se fendant illico en deux. Plus prosaïquement, il s’agit de l’un de ces blocs erratiques, charriés sur des centaines de kilomètres par les glaciers et laissés en arrière à la fin de la dernière glaciation ; glaciation à laquelle l’Irlande n’a pas échappé.
Bon à savoir : il vous faut sortir de la greenway à Carrigarea et trouver le Cloughlowrish Bridge, 2 km à l’ouest.
Durrow se vante de posséder son Golden Mile. Sur moins de 2 km, vous ne savez plus où donner du clic. Il y a le viaduc de Ballyvoile sur la rivière Dalligan, dynamité pendant la guerre civile en 1922 et reconstruit presto en 1924. Long de plus de 400 m, le tunnel de Durrow, magique, enchante les enfants. Mais c’est surtout l’arrivée sur la mer qui vous arrache un « wow » ! La Copper Coast, qui tire son nom des mines de cuivre (copper) exploitées au XIXe s. en Irlande, s’y dévoile sous son plus beau jour.
Notre bonne adresse : pause indispensable pour un thé ou une pinte à Durrow, chez Tom et Helen O’Mahony. Cet adorable couple tient le pub à quelques mètres de la greenway.
Derniers kilomètres à vélo : aux approches de Dungarvan, la greenway monopolise la digue sur la mer. Amusé, on y observe nombre d’oiseaux : bernaches cravants, chevaliers aboyeurs… La petite ville, elle, a un charme fou. Au bord de l’eau, les ruines de l’abbaye augustinienne fondée en 1290 exsudent toute la mélancolie du monde. Le château dit du roi Jean (vers 1209) a encore belle allure.
Bon à savoir : à Dungarvan, ce qui reste de l’abbaye augustinienne et du château médiéval sont en accès libre.
En bateau : le Pont-Aven de Brittany Ferries vous débarque à Cork, à 120 km de Waterford. C’est le ferry en mode croisière (restaurant gastronomique, spa…).
En avion : arrivée à Cork avec Aer Lingus depuis Paris toute l’année et Rennes l’été. En été (juin-septembre) aussi avec Ryanair depuis Bordeaux et Carcassonne.