
Mis à jour le 2 janvier 2020
| Québec
Publié le 22 septembre 2014
On les appelle les sentinelles du Saint-Laurent. Le Québec maritime, c’est-à-dire le Québec côté mer, possède encore une quarantaine de phares debout, quarante-trois exactement ! Il existe même une route des phares, qui serpente sur les deux rives du Saint-Laurent. Quelques-uns, transformés en chambre d’hôtes, en restaurant ou en musée, connaissent une seconde vie. Mettez la valise dans la valise (le coffre de la voiture en québécois) et en route ! Avec votre blonde (épouse, compagne) bien sûr.
Depuis la coupole qui coiffe le Phare du Pot, à 11 km de Rivière-du-Loup et à 200 km de Québec en descendant le Saint-Laurent, on domine tout. À commencer par l’immensité du fleuve, qui fait ici 16 km de large. L’archipel du Pot à l’Eau-de-Vie, où se trouve le phare, devrait son nom à une source rougeâtre rappelant vaguement le brandy. À l’abri de la morsure du vent, on y est au chaud, un peu à l’étroit. L’œil scrute l’eau, repère quelques éclairs blancs ici ou là. Simple écume ? Ou des bélugas ? Va savoir. La population de ces petites baleines blanches, emblématiques du Saint-Laurent, régresse. Aujourd’hui, elle compte moins de neuf cents individus, qu’on aperçoit plus facilement du côté de Tadoussac.
Pour une nuit ou davantage, le touriste peut aujourd’hui se glisser dans la solitude d’un gardien de phare. Les places sont chères : il n’y a que trois chambres dans le Phare du Pot, construit en 1861, automatisé en 1964, et restauré depuis. La société Duvetnor, une société à but non lucratif, fondée par un biologiste, Jean Bédard, en est aujourd’hui propriétaire. Éoliennes et panneaux solaires assurent autonomie et confort.
→ L’info Guide Évasion : Comptez environ 210$ par nuit et par personne. Ce tarif comprend la traversée aller-retour à partir de Rivière-du-Loup, la chambre (occupation double), l’accès aux sentiers du Pot du Phare (après la nidification des oiseaux seulement), une croisière et une excursion commentées, deux repas (souper et déjeuner-brunch) et une collation.
On a surnommé Jean Bédard, ardent défenseur des oiseaux et des milieux naturels, Eider man. Dans les îles du Bas Saint-Laurent, la récolte du duvet d’eider, un duvet qui vaut de l’or, lui permet en effet de financer en partie ses projets écologiques. Dans une période très courte, entre fin mai et début juin, il faut aller de nid en nid pour prélever précautionneusement une fraction de cet édredon (6 grammes en moyenne !), dont la femelle eider couvre ses œufs.
→ L’info du guide Évasion : jusqu’à 1000 dollars le kilo, c’est le prix, de gros, du duvet d’eider.
Gardien de phare, c’était pas rose tous les jours. On en a une idée très précise sur l’Île Verte, quelques kilomètres plus bas sur le Saint-Laurent, qui héberge le premier phare (1809) du fleuve. Tâche principale : entretenir la lumière qui guidait les bateaux dans la nuit. À l’origine, c’est l’huile de baleine ou de béluga qui fournissait le carburant. Si la brume était trop épaisse, il fallait donner du canon !
→ L’info du Guide Évasion : « criard » de brume, hangar à pétrole, etc. l’Île Verte comblera l’amateur de phares et d’histoire. La maison du gardien fait désormais office d’auberge : phareileverte.com/auberge. Comptez environ 120$ la double, petit déj compris. Attention l’établissement ferme progressivement pour l’hiver en octobre.
Il est des phares d’un blanc immaculé. D’autres s’habillent d’une tenue, rayée, bicolore. À 300 km à l’est de l’Île Verte, celui de La Martre arbore un rouge flamboyant. Mais ce fut, à l’origine, une simple erreur de livraison concernant la peinture ! Les phares du Québec s’autorisent aussi des fantaisies côté formes. Vous comprendrez très vite pourquoi on a surnommé le phare du Haut-fond Prince, en face de Tadoussac sur la côte Nord du fleuve, « la Toupie ». Il doit affronter des marées de 6 mètres d’amplitude.
→ L’info du guide Évasion : La Martre héberge un musée des Phares.
Apportez vos jumelles ! Le Saint-Laurent est le royaume des oiseaux. Sur l’île Bonaventure notamment, en face de Percé, tout au bout de la Gaspésie, on peut encore observer en automne des fous de Bassan, avant leur départ vers le soleil. J’ignorais que ces oiseaux, capables en chasse des plongeons les plus spectaculaires, étaient pourvus en quelque sorte d’airbags, qui amortissent leur pénétration dans l’eau à quelque 100 km/h !
→ L’info du guide Évasion : En septembre, la Côte-Nord a son festival des oiseaux migrateurs.
Le Saint-Laurent est un tueur. Avec plus de quatre cents naufrages à son « palmarès », l’île d’Anticosti, au milieu du fleuve face à St-Pierre et Miquelon, passe pour le cimetière du golfe. Près de Rimouski, au large du phare de Pointe-au-Père, la fin de l’Empress of Ireland est restée encore dans les mémoires. Le paquebot, qui assurait la liaison transatlantique entre Québec et Liverpool, a coulé en quatorze minutes le 29 mai 1914, entraînant 1 012 passagers dans la mort.
→ L’info du Guide Évasion : près du phare de Pointe-au-Père, on peut passer une nuit à bord d’un sous-marin, l’Onondaga, mais sur la terre ferme !
Sésames. Destination Québec et le Québec maritime.
Décalage horaire : – 6h. Quand il est midi à Paris, il est 6 h à Montréal.
Change. Un dollar canadien = 0, 71 euro.
Vols. Avis aux provinciaux : outre Paris, Air Transat assure en saison (jusqu’à mi-octobre) des vols sur Montréal depuis sept villes en région (Bordeaux, Lyon, Marseille, etc.). Et nouveauté pour les geeks : la possibilité de visionner en vol sur son smartphone, tablette ou ordi, les films proposés par la compagnie. Á partir de 450€ le vol A/R.
Un voyagiste. En saison, Vacances transat propose un « Sur les rives du Saint-Laurent clef en main », qui coupe et recoupe la route des phares.
Traverses. Pour accéder à ces phares, logés souvent sur des îles, on est tributaire des traverses, nom local donné aux ferries et autres bacs.
Un Passephare. Il coûte 30 dollars canadiens et donne accès gratuitement à 7 phares.
Mes coups de cœur hébergement. Outre les phares, on a craqué pour le gîte de la Bonne Bouffe de Colette sur l’Île Verte. Et sur les soins « givrés » (algues, tourbe, élixir de pomme glacée) du spa de l’Hôtel Universel à Rivière-du-Loup.
Une cure de homard. Au Québec, il est presque donné ! Le plus réputé est celui des îles de La Madeleine. Pain au homard, « guedilles » de homard…Il se consomme aussi en sandwich.