
Par Renée Grimaud
Des poivriers, des palmiers : est-ce bien l’hiver ? Oui, mais l’hiver à Tavira au sud du Portugal est synonyme d’une très grande décontraction. Rien d’étonnant à ce que pas mal d’Anglais aient élu domicile ici. Imaginez une petite ville pimpante au bord du rio Gilão, parée de blanc et de bleu, avec de splendides balcons en fer forgé et des toits à quatre pans. Fermez les yeux, vous y êtes déjà, et moi aussi…
Quand je me promène à Tavira, une seule pensée me vient à l’esprit : me « la couler douce ». Vous verrez, c’est assez simple… Me voici foulant à pas lents les pavés à petits carreaux de la rue piétonne et de la praça da Republica (place de la République), où se tenait autrefois le marché aux esclaves ; je choisis une des terrasses de café qui me tend les bras, merveilleux poste d’observation sur les quais aux maisons colorées et le pont romain, piéton.
J’ai peine à imaginer que Tavira fut au XVe siècle la ville la plus peuplée d’Algarve : à l’époque, port prospère, elle exportait vers les Flandres les vins et les fruits produits dans les campagnes environnantes. Et puis, au fil des siècles, elle s’est ensablée, se transformant en un oasis de sérénité. J’aime déambuler dans les ruelles de la vieille ville et regarder les toits si typiques d’ici, qui ont une histoire. Les Portugais ayant autrefois beaucoup sillonné les mers, ils ont vu des temples chinois qui les ont inspirés, mais aussi des maisons en Inde. Revenus au pays, ils ont adopté cette forme de toiture qui permet aux eaux de pluie de s’écouler rapidement.
Pour me loger, j’ai cassé (un peu) ma tirelire, et suis descendue à la pousada de Tavira, installée dans un ancien couvent, le Convento da Graça, le must du must. Les chambres donnent sur les murs jaune vif du cloître : la nuit, l’éclairage est féérique. En hiver, vous pouvez obtenir des chambres à des prix étonnants pour la qualité offerte ; dans un endroit pareil, c’est la détente assurée ! Et je ne vous parle pas du petit déjeuner : vu l’abondance des plats, vous tiendrez facilement la moitié de la journée.
Pour manger, j’ai le choix : soit je continue sur ma lancée et vais dîner haut de gamme, au Quatro Aguas, en marchant un peu : situé face à la petite île de Tavira, le restaurant possède une grande terrasse. Une de mes spécialités préférées est le filetinhos, poulpe accompagné de haricots et de riz. Soit, préférant faire des économies, je choisis un endroit bien meilleur marché, comme O Manel, une rôtisserie qui propose le frango piri-piri. Ce plat tout droit descendu du passé colonial du Portugal vient du Mozambique et de l’Angola : du poulet, mariné dans du citron, de l’huile, de l’ail et du piment, puis grillé. Un régal !
Près de la pousada, se dresse l’église Santa Maria do Castelo, la plus célèbre de Tavira. J’entre rendre hommage aux chevaliers de Saint-Jacques, enterrés ici. Puis je flâne dans le jardin du Castelo, qui offre une belle vue sur la ville. Pour en avoir une encore meilleure, je grimpe jusqu’à la Camera obscura : installée dans un ancien château d’eau (à l’arrière plan de notre photo), cette chambre noire est gérée par Clive, un Anglais polyglotte original. Il se fera un plaisir de vous commenter Tavira vue à 360°, et dans la langue de votre choix, s’il vous plaît !!!
Comment quitter sans regret Tavira l’alanguie ? En me promettant de revenir très bientôt, et de pousser la prochaine fois jusqu’à Cacela Velha, un autre bijou de l’Algarve…
Site Office de tourisme : http://www.cm-tavira.pt