
Le dieu des chameliers était avec moi. Maïmoun, ma monture à bosse, bien que d’une physionomie revêche comme tous ses congénères, est suffisamment docile pour daigner être guidée par un Européen. Les pieds croisés sur l’encolure – monter un dromadaire comme un cheval, c’est l’assurance de ne plus pouvoir croiser les jambes le reste de la journée -, la longe d’une main, une badine dans l’autre, il n’en faudrait pas beaucoup pour me prendre pour le colonel Lawrence.
Les excursions organisées dans le sud marocain s’adressent à tous. On trouve de nombreuses formules : nuits dans des bivouacs confortables dotés de douches et de sanitaires avec acheminement en chameau ou en 4X4 ; expéditions de plusieurs jours en chameau, accompagnés de trois ou quatre chameliers chargés de l’intendance ; ou simple promenade de quelques heures à dos de chameau.
De novembre à mars les nuits sont fraîches dans le désert, glaciales même en janvier et février. Passée la fraîcheur du matin, la journée s’adoucit agréablement à mesure que monte le soleil. Mieux vaut s’équiper en conséquence de plusieurs épaisseurs que l’on ôtera progressivement à mesure que monte la température. Ce type d’expédition est à proscrire en été, de mai à fin septembre : la chaleur est alors écrasante et la déshydratation au bout du chemin.
On propose depuis quelques années des formules « ermitage », pour les méditatifs : on vous emmène au beau milieu du désert, on y plante votre tente et on vous laisse là, face aux dunes et à vous-même. Pas tout à fait cependant : un chamelier stationne toujours à quelque distance et vient vous rendre visite chaque jour, histoire de vous apporter à manger et de voir si vous tenez le coup.
La rencontre avec le désert est toujours une expérience enthousiasmante pour les enfants : chevaucher un dromadaire, participer au montage de la tente le soir si l’on choisit un bivouac itinérant… Voir les étoiles s’éclairer une à une et le lendemain matin, partir avec le chamelier pour ramener les montures qui se sont égarées dans les environs à la recherche de nourriture. Les étapes journalières n’excèdent pas 5 ou 6 heures de trajet, sur le dos du chameau ou à pied.
Le grand sud marocain est un terrain d’exercice idéal pour les amoureux des grands espaces solitaires. M’Hamid est une des meilleures bases de départ. Une modeste bourgade en bordure du Drâa, qui à ce point de son voyage s’est délesté de ses eaux. Dans ce village à une quarantaine de kilomètres de la frontière algérienne, plusieurs dizaines d’agences, d’hôtels et de maisons d’hôtes proposent de se confronter au désert. Avec en vedette l’Erg Chegaga, un moutonnement de dunes de sable long d’une quarantaine de kilomètres. On peut y aller avec la Caravane du Sud, par exemple. A Zagora, cette agence a une grande habitude de ce type de voyages.
Dans les bivouacs itinérants, un chamelier est spécialement chargé de la préparation des repas : chaque soir se déploie le même rituel qui commence par la confection du mla, le seul pain confectionné par les hommes : de la farine, de l’eau, du sel, de la levure, une pâte façonnée que l’on laisse lever dans une couverture. Puis un trou dans le sable pour y allumer le feu : bois de tamaris ou d’acacias, glané en cours de route. On dégage les braises, on dépose la galette dans le sable brûlant, on la recouvre de sable et de braises. Et vingt minutes plus tard, apparaît un pain odorant que l’on trempera avec délice dans le tajine du jour. Plusieurs fois par jour, on prépare le thé : aux mois les plus froids, il sera parfumé à l’absinthe sauvage. Quand il fait plus chaud, on préfère la menthe fraîche, plus désaltérante…
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