
Mis à jour le 3 décembre 2018
| Japon
Publié le 22 novembre 2017
À deux heures de Tokyo, le parc national de Nikkô invite à une escapade champêtre et tranquille au milieu d’une nature souveraine. À plus de 1200 m d’altitude, les visiteurs profitent de chaînes montagneuses, de forêts où se mêlent conifères et bambous, et du lac Chûzenji qui a fait la célébrité des lieux.
Voilà des siècles que les environs du lac volcanique Chûzenji sont considérés comme une demeure divine par les Japonais. Au VIIIe siècle, un moine du nom de Shôdô Shônin, pratiquant l’ascèse méditative en montagne – une pratique très courante à l’époque – doit s’y prendre à plusieurs reprises avant de réussir l’ascension du mont Natai. La troisième fois est la bonne. Il y construira le sanctuaire Nikko Futarasan pour célébrer les Dieux de Nikko, et au pied du mont Nantai, le temple bouddhiste Chûzenji (784), qui donne son nom au lac.
On le visite toujours aujourd’hui, mais sur l’autre rive (est), où il a été déplacé. Il abrite notamment une imposante statue de 6 m de Kannon, déesse de la miséricorde, dans sa version aux onze visages et mille bras (Juichimen-senju). À l’intérieur, la salle Godaî-do, où il y a cinq divinités bouddhiques des environs, offre une jolie vue sur le lac et le cône volcanique du mont Nantai, qui n’est pas sans rappeler le célèbre mont Fuji. Shônin installera d’autres temples autour du lac, contribuant à faire de Nikkô une région de pèlerinage, avant qu’elle ne devienne une zone de villégiature chic.
Ce n’est pas un hasard si le moine élut les environs du lac Chûzenji pour y répandre son enseignement. La zone est en effet un fabuleux écrin naturel depuis qu’une éruption du mont Nantai, il y a environ 7000 ans, y a formé ce panorama vallonné. Les rives du lac se découpent en caps et anses, derrière lesquels dépassent d’épaisses forêts à flanc de montagnes : bouleaux, pins, érables et cerisiers des montagnes rendent les environs particulièrement charmants lorsque l’automne fait virer leurs feuilles à l’ocre et au vermillon. Autour, sommets volcaniques, lacs et chutes d’eau, marécages et dense végétation ont fait la réputation de ce patrimoine vert qu’est le parc national de Nikkô (1148 km2).
Toujours sacré et immensément respecté par les Japonais, le parc national de Nikkô fait aujourd’hui la joie des amateurs de tourisme vert, balades et randonnées. Les promeneurs se retrouvent sur les rives du lac Chûzenji, la vedette locale, et les plus chevronnés en feront le tour via un sentier de 25 km.
À défaut de marcher, on peut aussi emprunter les bateaux qui relient l’embarcadère (rive nord-est, à proximité de l’arrêt de bus Chûzenji Onsen) aux différentes plages alentours, ou bien se laisser dériver sur les eaux du lac Chûzenji en louant canots ou embarcations à pédales.
Les rives tranquilles du lac sont prisées depuis le milieu du XIXe s. par les diplomates européens. Belges, Britanniques, Italiens et Français y ont fait bâtir des villégiatures charmantes et luxueuses. L’ambassadeur de France Paul Claudel, par exemple, venait passer l’été dans sa villa pour fuir la chaleur tokyoïte, et y rédigea une partie de sa grande œuvre, Le Soulier de Satin (1929). Rénovée il y a peu, elle ne se visite pas, contrairement à la Résidence britannique, aux bois sombres et aux larges baies vitrées donnant sur le lac, et à sa voisine la villa italienne (1928). Aménagée par l’architecte tchèque Antonín Reimann, collaborateur de Frank Lloyd Wright et propagateur de l’architecture moderne au Japon, celle-ci recèle un beau mobilier et est ornée d’une façade en bardeau de cèdre.
Face à l’entrée du sanctuaire de Nikko se trouve une autre demeure de charme, l’hôtel Nikko Kanaya. En 1873, M. Kanaya proposa l’hospitalité à un touriste américain qui ne trouvait pas à se loger dans les environs. Sa maison, demeure d’exception au charme raffiné, voyant défiler diplomates, artistes et intellectuels, devînt ainsi le plus ancien et le plus célèbre établissement de style occidental du Japon. La rive nord du lac Chûzenji accueille une autre demeure, le Chûzenji Kanaya Hotel (1940, rénové en 1992), qui propose des sources chaudes.
Car dans cet environnement volcanique et boisé, les stations thermales prospèrent et accueillent en toutes saisons des touristes attirés par les sources chaudes (onsen en japonais). La plus facile d’accès est Chûzenji Onsen, sur la rive nord-est du lac. Mais les amateurs de tranquillité lui préfèreront des sources reculées, cachées dans la montagne, dont les Japonais sont friands. Ainsi on vous conseille Yumoto Onsen, perchée au nord-ouest du lac, dont on dit qu’elle fut découverte par Shôdô Shônin avant d’être utilisée par un autre célèbre moine nippon, Kôbô Daishi, fondateur du monastère de Kôya-san. Certains y pratiquent en hiver le yukimiburo, qui consiste à regarder la neige tomber depuis un bassin chaud en plein air. Au nord de la gare de Nikko, le long d’une vallée qui remonte au nord-est de la région du Chûzenji, sont réparties d’autres villes thermales telles que Kinugawa, Kawaji ou Yunishigawa.
La compagnie Tôbu propose une ligne rapide au départ d’Asakusa (Tokyo) ou de la tour Tokyo Skytree : train Limited Express SPACIA ou Liberty, 1h50 de trajet, une quinzaine de départs/jour en semaine et week-end (1360 yens l’aller).
Sur place, les bus Tôbu relient facilement la gare Tôbu-Nikkô au téléphérique d’Akechidaira, au lac Chûzenji, au mont Nantai et à Senjôgahara. Pour visiter les résidences d’ambassadeurs, changer à Chûzenji Onsen et prendre le bus direction Hangetsusan (le service de bus fonctionne en été et à la saison du Koyo seulement) ou marcher une demi-heure.
Le Nikko All Area Pass donne accès à un aller-retour Asakusa-Nikkô en ligne régulière + tous les bus des environs de Nikkô + 20% de réduction pour le billet du SPACIA si achat du pass en même temps. Prix : adulte 4520 yens, enfant 2280 yens (déc.-mars adulte 4150 yens, enfant 2070 yens).
Informations et billets : TOBU Tourist Information Center ASAKUSA (rdc de la gare Asakusa Tôbu Railway • ouv. tlj 7h20-19h).
Article sponsorisé.
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