
Mis à jour le 10 janvier 2020
| Haute-Savoie
Publié le 31 décembre 2012
Capitale de l’alpinisme dès la fin du XVIIIe s., Chamonix devint naturellement au début du XXe s., la première station de ski française. Aujourd’hui, la petite cité aux pieds du Mont-Blanc a gardé les traces de ces vagues touristiques passées. Et elle peut être fière de son patrimoine éclectique. Entre deux descentes à ski je profite d’une journée maussade et douce pour la visiter, accompagnée d’une guide du patrimoine.
Avant même que les hommes ne domptent le Mont-Blanc, quelques voyageurs éclairés incluent dans le « Grand Tour » une halte à Chamonix et sa merveilleuse « Mer des Glaces ». En 1741, le récit de deux Anglais passés dans la vallée, Windham et Pococke, avait été rapporté dans la presse. Pour accueillir ces visiteurs, il fallut bien construire des hôtels. Le premier établissement est inauguré en 1770.
Petit à petit, le beau monde arrive de toute l’Europe : Goethe, George Sand, Théophile Gauthier, Victor Hugo, Chateaubriand, Napoléon III et l’impératrice Eugénie viennent admirer « le toit du monde ». Tout comme certaines familles prennent les eaux dans les stations thermales à la mode, d’autres s’installent, avec armes et bagages, dans les chambres et les suites des grands hôtels chamoniards.
La petite ville « sarde » (elle appartint jusqu’en 1860 au royaume de Piémont-Sardaigne), à la rigueur très turinoise, avec ses trottoirs de granit et ses façades néo-classiques (comme celle de l’actuel hôtel de ville) s’étoffe d’amples bâtisses mêlant étrangement certains préceptes haussmanniens et art nouveau. Propriétés chamoniardes, ces fleurons de l’hôtellerie de luxe s’imposent tant par leur taille que leur faste. En 1895, l’Hôtel Mont-Blanc, actuellement en rénovation, sort de terre, suivi en 1901 par Le Savoye (aujourd’hui repris par le Club Med). En 1913, à la veille de la Première guerre mondiale, Le Majestic voit le jour. Chamonix compte alors 39 hôtels !
Place Balmat, la statue de Balmat et Saussure croule sous la neige. Notre guide nous résume leur aventure. C’est un jeune scientifique, Horace Bénédict de Saussure, passionné de montagne, qui lance le défi en 1760 en apposant sur l’église l’alléchante promesse d’une coquette récompense à toute personne atteignant le sommet. En 1786, un cristallier chamoniard, Jacques Balmat, cherchant désespérément à gagner de l’argent pour soigner sa fille malade, s’associe au Dr Paccard pour entreprendre l’ascension. Ils l’atteindront le 8 août à 18 h 23. Mais au retour, la petite Judith est morte. Et la récompense que touche Balmat à Genève lui est volée sur le chemin ! L’année suivante Saussure se lance à son tour dans l’aventure.
À quelques pas du centre, notre guide nous amène dans un quartier résidentiel, véritable catalogue architectural de l’art des chalets ! Il y a deux chalets jumeaux des années 1950 qu’on dirait dessinés pour des poupées Barbie à la montagne. Un ancien mazot tout petit aux volets rouges à mettre dans un livre pour enfants. Le chalet de Frison-Roche et de sa fille, celui où fut retrouvé « suicidé » le banquier frauduleux Stavisky, responsable des grandes émeutes de 1934 à Paris. Mais il y a aussi des villas de style balnéaire. Celle de Madame Spencer construite dans les années 1920 et dotée de grandes baies vitrées. Ou encore la villa « Les Érables » de style néo-régionaliste. Ma préférée est sans aucun doute la villa Butterfly qui aurait pu être la résidence secondaire de Blanche-Neige et ses sept nains. De style éclectique, avec un plan en étrave pour faire face aux avalanches, des carreaux de faïence sur sa façade, des toits biscornus en cascade, elle ne ressemble à aucune autre !
Retour à la place de l’Eglise, juste à côté de l’office de tourisme. À l’intérieur de l’église, les motifs des vitraux me surprennent. Sous Saint-Christophe portant l’enfant Jésus, on voit des skieurs et un bobsleigh en pleine vitesse ! J’apprends, installée bien au chaud, que le ski fut officiellement intronisé à Chamonix en 1924 avec l’organisation des premiers Jeux olympiques d’hiver. Mais, dès 1908, un concours de ski alpin s’y était déroulé. Un siècle plus tard, le pass Chamonix offre 110 km de pistes et 22 000 m de dénivelés au total.
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