
Mis à jour le 19 juin 2019
| Maroc
Publié le 29 décembre 2011
Donner du temps au temps… Ça figure parmi les grandes résolutions qu’on prend régulièrement en début d’année. Qu’on oublie vite. Pas au Maroc. Pas à Essaouira.
Et si Essaouira était une couleur ? Ce serait le bleu soutenu, le bleu Mogador de ses volets, de ses portes ou de ses floukas (barques) sur le port. Un son ? Impossible de ne pas associer la cité rêvée par le sultan Sidi Mohammed ben Abdallah dans les années 1760 au piaillement strident de ses mouettes ; ces effrontées pourchassent les pêcheurs, guettant un instant d’inattention pour leur dérober des sardines. Et si, et si… Stop !
Pour moi, Essaouira est une douceur. La douceur de vivre même. Malgré le vent, le fameux taros, venu de la mer, que piège le plan en quadrillage de la ville. Ce fripon déchaîne sur la plage des trains de vagues, que chevauchent, harponnent les surfeurs intrépides. Ici, on réapprend à ne plus compter son temps. D’ailleurs, sur l’avenue principale, la grande horloge – un cadeau de Lyautey dit-on – s’est arrêtée depuis belle lurette et personne ne l’a réparée.
Alors, il faut apprivoiser ou ré-apprivoiser Essaouira en douceur. J’ai mes recettes. Je m’installe nonchalamment au Café Taros, sur la place Moulay-Hassan. Plus exactement à sa terrasse, perchée, au bout d’un escalier interminable L’une des plus belles terrasses de la ville. Une terrasse « culte ». Un thé, un poncho aimablement prêté…C’est venté, je vous l’ai déjà dit. Je savoure le thé, le chromo. Le port. La citadelle. Rochers noirs. Remparts ocre. Les îles Purpuraires au loin.
Je prends rendez-vous avec Félicitas, un prénom prédestiné. Elle a acheté et rénové le plus vieil hammam de la ville, deux siècles et des poussières, qui fonctionne aujourd’hui pour une grande part au solaire. Un vrai bain public, où se retrouvent Souiris (habitants du cru) et touristes. Un spa vintage si vous préférez. Lalla Mira, c’est son nom. C’est le nom aussi d’un bon petit génie en jupons (on dit jinnia), invoqué lors des lilas, cérémonies gnaoua à but thérapeutique qui électrisent encore les nuits d’Essaouira.
À chaque fois, je me demande si je ne suis pas un peu maso en m’imposant la totale : gommage + enveloppement au ghassoul + massage à l’huile d’argan. Enduite des pieds à la tête de saboun (savon noir), je glisse comme une fichue savonnette sur le tapis étalé à même le carrelage. Étrillée par la kassa, un gant en crin, je suffoque sous les paquets d’eau chaude au rinçage. Dans la pénombre, la petite voix de Nadia ou Aïcha émerge : « Ça va, Lalla ? » Une heure et demie plus tard, « Lalla » (Madame) va bien. Plus que bien. Requinquée, zen.
Enfin, je m’offre un passage au marché aux épices. On vous fiche une paix royale. J’y achète régulièrement de l’huile d’argan à mon herboriste préféré, Mohamed Seddiki (stand 203). Cette huile, riche en vitamine E, bourrée d’omégas, ne peut avoir, en principe, que pour origine l’arrière-pays d’Essaouira et sa forêt d’arganiers.
Dans ces moments-là, j’ai une envie folle de rester à Essaouira. C’est déjà arrivé, même à des gens très bien. Venus pour quelques jours, ils n’en sont jamais repartis. Comme Françoise, qui tient aujourd’hui le restaurant Al Farachah (le papillon). Et si je la rejoignais ?
Et vous, vous êtes déjà allés à Essaouira ? Vous avez des bons plans ? Faites-en part !
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