
Mis à jour le 19 juin 2019
| Maroc
Publié le 22 novembre 2011
Un dernier coup de peigne et les garçons sont prêts pour filer à l’école. Attablé dans le patio, entouré du crépitement coloré des zelliges, je déguste les baghrir que Reihana vient de sortir de la cuisine, ces crêpes aux mille trous qui font les délices des petits déjeuners marocains. Jours tranquilles à Fès, logé dans une famille, en plein cœur de la médina.
Reihana et Mahir forment l’une de cette trentaine de familles qui ont choisi d’adhérer au programme Ziyarates Fès. Son objectif ? Participer à la conservation du patrimoine bâti de la vieille ville – Unesco oblige – et fournir un revenu complémentaire aux habitants de la médina. Les adhérents à ce programme reçoivent une aide pour l’aménagement de leur maison ainsi qu’une formation à l’accueil et aux principes de base de l’hôtellerie. Pour les visiteurs, c’est l’occasion unique de participer à la vie quotidienne d’une famille fassie.
La vie quotidienne justement, elle est plutôt intense ces jours-ci. Chaque maison prépare l’Aïd el-Kebir, l’événement majeur du calendrier musulman. Au moins deux jours de fête, et jusqu’à une semaine dans certains foyers, pendant lesquels la maison ne désemplit pas. Et puisqu’il faut bien nourrir famille et amis, les préparatifs commencent tôt : le 7 novembre approche à grands pas. L’achat du mouton, que chaque famille doit sacrifier à cette occasion, ce sera l’affaire de Mahir, au souk de Bab Ftouh, du côté du quartier des Andalous. Pour tout le reste, cap sur les souks de Fès-el-Jdid avec Reihana.
Un alignement de hautes façades ; des fenêtres et des balcons de bois donnant sur la rue : voilà qui tranche avec les habitations musulmanes traditionnelles, repliées sur leur intérieur. C’est le mellah, l’ancien quartier juif de Fès. De sa rue principale part un réseau de venelles qui irriguent le quartier ; l’une d’elles conduit à la synagogue Danan, splendidement restaurée dans son état du XVIIe siècle.
Une débauche de victuailles sous les lampions et les clignotements des enseignes lumineuses. Épices et fruits secs, semoule et farine, litres d’eau de fleur d’oranger : l’indispensable pour confectionner pâtisseries, tajines, couscous. La main experte et l’œil interrogateur, Reihana jauge les étals, sous l’autorité de deux vénérables mosquées du XIVe siècle, qui en ont vu bien d’autres.
Les courses déposées, me voilà prêt à retrouver la médina. Pour commencer, la Talaa Kebira (la Grande Descente) qui, depuis Bab Bou Jeloud, draine la foule vers la cuvette qu’occupe le centre de la médina. Pour une fois, une allée presque rectiligne : marchands sur le pas de leur porte, fontaines ouvragées, passages donnant sur d’anciens caravansérails, les fondouks investis aujourd’hui par les luthiers, les peaussiers ou les marchands de khlia, cette spécialité fassie de viande conservée dans l’huile d’olive.
Le voyage au pays des parfums et des couleurs se poursuit dans toute la médina : feu d’artifices des céramiques de la médersa Bou Inania, intacte depuis le XIVe siècle, ou de celle d’Ech Cherratine, tout près de la Grande Mosquée. Débauche de couleurs dans le souk du henné, un coin paisible au cœur de la ville, odeurs prenantes dans le quartier des tanneurs, où des dizaines d’artisans assouplissent les cuirs dans leurs cuves à ciel ouvert. Et pour découvrir l’intérieur d’une demeure fassie, ne pas manquer de pousser la porte du palais Belghazi ; un havre de paix au beau milieu de la ville autour de sa cour plantée d’orangers.
Après la plongée dans la ville, il faut savoir prendre du recul, depuis les tombeaux des Mérinides par exemple. De là, au coucher du soleil lorsque la lumière embrase les murs de la ville, bruisse à vos pieds la cité millénaire sur le point de s’endormir.
Et vous, vous connaissez Fès ? Vous avez des suggestions de de balades à proposer ? Allez-y !
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