
Ville ou l’on aime se perdre, territoire d’errance, c’est sur les hauteurs du Bairro Alto que l’on va chercher le grand air à Lisbonne. Vues d’en haut, les façades qui s’empilent composent sous nos yeux une fresque animée de toitures rouges, couleur dont le pont du 25 avril sur le Tage achève la peinture.
Le Bairro Alto commence là, sur une place entre deux églises où se dresse la statue de Luís de Camões. Ce poète du XVIe siècle, que l’on appelle aussi le Camoëns, est l’objet d’un véritable culte au Portugal, et notamment à Lisbonne où il vécut plusieurs années. Derrière son effigie, en s’aventurant dans la rue Loreto, on longe des boutiques de vêtements aux murs tagués, au ciment lézardé et à la peinture vieillie. On croirait alors pénétrer au fond d’un vieux quartier populaire, mais voilà que s’y installent brasseries huppées ou cafés littéraires, à l’image du restaurant Flower Power où l’on casse la croûte dans un cadre expérimental et bohême. Mais mieux vaut garder l’appétit léger avant de prendre un peu de hauteur…
L’ « electrico », c’est le surnom de ce petit tramway qui vadrouille dans tous les sens à Lisbonne. Un brin racoleur avec sa peinture jaune, il grimpe si facilement la colline… On entame alors une percée dans une des petites ruelles qui montent sur la droite de la rue Loreto. Laquelle ? Qu’importe ! Elles arrivent toutes à bon port ! Ici, il faut savoir se perdre et tâter un peu de chaleur humaine en demandant son chemin pourra s’avérer une expérience inoubliable. Justement, devant sa fenêtre grande ouverte du rez-de-chaussée, Alvaro tend un visage émacié sous une casquette blanche. Il nous indique la route avec plus de mots qu’il n’en faut. Un peu plus et il nous offrait un verre de vin de son cru !
Dans la rue do Norte, les draps étendus sur des balustrades colorées confinent les visiteurs dans une fraîcheur apaisante propre à la vieille ville. La rue da Rosa, elle, étreint littéralement entre ses façades qui font penser aux parois d’un fossé. Rien de mieux pour s’immerger ! Le bleu du ciel court et s’étend comme un long filament, mais déjà la pente s’adoucit ; dans notre dos les façades se tortillent. L’ascension se termine, nous voilà face à Lisbonne.
Là s’étend la ville sous un éclat solaire ; les ruelles sortent de terre vers les cimes éclairées des toits et des clochers. À droite, le Tage ; à gauche, la ville nouvelle et ses façades très soignées et devant, le château de São Jorge dont la forteresse surplombe une colline boisée. On ne peut s’empêcher d’imaginer ce que devait être ce paysage cinq siècles plus tôt, quand le mouvement infernal des rues menait tout droit à un port d’où l’on s’échappait pour le nouveau monde. Sur les toits de Lisbonne, la ville se révèle alors extatique.
À peine échappé des grands espaces, on atterrit entre les antiquaires de la rue Dom Pedro V. Pas besoin d’être un aficionado pour s’offrir un carreau d’azulejos dans une de ces échoppes qui nous les déclineront de toutes les couleurs, ni pour s’inspirer des retables baroques, meubles indo-portugais et autres tableaux pour recréer l’univers fantasque de la « ville blanche ». Tous ces étalages valent bien un musée !
On aperçoit déjà les cimes de quelque arbre centenaire au bout de la rue. Là-bas, le jardim botânico de Lisbonne qui trône ainsi tout en haut de la ville est le plus grand d’Europe. Ses origines remontent au 18e siècle, et les espèces qu’il recèle proviennent pour beaucoup de ces voyages pour l’Amérique dont Lisbonne était l’épicentre. Il faut véritablement s’y engouffrer, aller chercher l’oasis isolée qui nous fera oublier que nous sommes encore en milieu urbain. Par endroits, on retrouvera la vue grandiose sur le Tage à l’ombre des hauts palmiers.
La terrasse du café Pão de Canela s’avèrera l’endroit parfait pour se remettre de cette petite marche. Situé sur la praça das Flores, ce salon de thé nous donne l’occasion de profiter d’un cadre typique, entre des retraités qui jouent aux cartes sur une table improvisée et des enfants qui s’égosillent. On se détend en dégustant un pastel de nata, sorte de flan avec une pate feuilletée, où une queijada, une tartelette de fromage, le tout accompagné d’une bonne bière locale ou d’un verre de Porto.
En redescendant à la nuit tombée, on a comme l’impression de n’avoir jamais mis les pieds ici. Maintenant, le chant mélancolique d’une fadiste, sorti d’un petit restaurant éclairé aux chandelles, accompagne la cadence de nos pas. Dans les ruelles blanches, si calmes tout à l’heure, difficile de reconnaître ces lumières, ce vacarme, cette effervescence. On s’arrête par exemple au Portas Largas qui nous ouvre à la lettre d’énormes portes en bois dans la rue Atalaia. Quand il y a de la place, on s’assoit à des petites tables en bois dans une ambiance brésilienne : musique live et ambiance colorée pour ce bar très ouvert d’esprit. Les jeunes se pressent des quatre coins de la ville pour boire entre amis une bière sur les pavés du Bairro Alto. Et oui, les petites rues tranquilles qui sentaient bon l’arrière pays sont bien les plus animées de Lisbonne la nuit.
Alors, partants pour une petite tournée des bars ?
Et vous, quelles sont vos adresses préférées à Lisbonne ? Faites-en part !
Lisbonne est une ville très inspirante
le restaurant 100 maneiras, dans le Bairro Alto est exceptionnel. 10 plats àla suite, environ 30 euros et un festival de saveurs!
Dans ce quartier, j’ai testé le restaurant 100 maneiras… une dizaine de plats dans le menu dégustation, dans l’esprit nouvelle cuisine mais àla mode portugaise. Tout ça pour une trentaine d’euros, hors vin. Top!
Sophie
le 17 mars 2011 :
Cela donne vraiment envie de partir àLisbonne