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Marrakech : les secrets de la place Jemaâ El Fna

Marrakech : les secrets de la place Jemaâ El Fna

Mis à jour le 10 janvier 2020 | ,
Publié le 26 novembre 2012

Par Annie Crouzet, auteur du guide Évasion Marrakech

 

La place Jemaâ El Fna à Marrakech a tout du bazar, mais c’est un bazar très organisé, qui conserve une réputation sulfureuse. J’ai appris à la regarder avec les yeux d’Ouidad Tebbaa, « une fille de la médina » comme se définit cette universitaire, qui a beaucoup contribué à son classement au Patrimoine oral et immatériel de l’Humanité par l’UNESCO. Décollage immédiat !

L’ADN de Marrakech

Franchement, quand vous voyez cette place la toute première fois, dans la lumière cruelle du matin, vous vous demandez ce qu’on peut bien lui trouver. Pas de bâtiment sur lequel on peut s’extasier… C’est tout juste une esplanade poussiéreuse d’un hectare, un no man’s land qui se présente sous forme d’un triangle mal ficelé. Toutefois avec la Koutoubia en arrière-plan. Mais c’est sans doute la seule image au final que vous emporterez de Marrakech. « L’ADN de Marrakech, c’est sa place », dit plantée sur ses stilettos, Ouidad Tebbaa, « pathologiquement marrakchia » et amoureuse de Jemaâ El Fna.

La plus grande scène au monde

En fin d’après-midi, changement à vue. Les acrobates hérissent leur pyramide, les cartomanciennes sortent leur jeu, les porteurs d’eau traquent le clic… Envahie par une foule de bateleurs, la place s’affiche comme  le plus grand théâtre au monde. À ciel ouvert. Les touristes frileux, eux, s’installent au « balcon » des cafés. Les autres plongent dans la mêlée. La fête commence sur les rythmes lancinants des qraqebs (castagnettes) et des bendirs (tambourins).

Des cobras et des hommes

Parmi les saltimbanques, le groupe des charmeurs de serpent est sans doute le plus nombreux. Il suscite craintes, admiration et… contestation. On dit ces charmeurs, qui se réclament de la confrérie des Aïssaoua, immunisés contre le venin de leurs cobras, qui se balancent au son aigrelet des ghaytas (flûtes). Mais ces reptiles, que certains considèrent comme leurs « enfants », ne feraient pas de vieux os. La faute à un stress trop intense. Moi, je déteste. Surtout quand ils essaient de me refiler l’un de leurs protégés entre les mains. Pire, autour du cou. Faire le spectacle ? Non, merci !

Un cercle de poètes bientôt disparus

Les conteurs (Halaiqis), eux, appartiennent carrément à une espèce en voie de disparition. Sur la place, ils sont une poignée, sept encore aux dernières nouvelles, à maintenir la Halqa (le cercle). Kan ya ma kan « Il était une fois… »… Ces mots magiques réussissent encore à ressouder le cercle autour de ces poètes burinés, aux semelles de vent, revenus de toutes les errances. « Est-ce qu’ils vont pouvoir transmettre cette tradition ? », s’interroge Ouidad Tebbaa. À l’heure d’Internet et des « bouquets » satellitaires, elle ne sait pas. Personne ne sait.  

Aziz, « le » danseuse

Longtemps, je suis passée à côté des travestis de la place sans me douter de leur identité. Déhanchements suggestifs, yeux charbonneux… Comment imaginer qu’un Maroc, corseté dans ses interdits (plus ou moins respectés, mais ceci est une autre histoire), puisse tolérer cette transgression ?  En 2012, un documentaire « Azziz, le danseuse »  dévoilait l’un des secrets les plus mals gardés de la place : Azziz, 46 ans, père de famille et danseuse du ventre… Ça, c’est Jemaâ El Fna. À l’ombre du minaret de la Koutoubia, « il s’y passe des choses pas très musulmanes », dans un mélange ahurissant de sacré et de profane. Ouidad Tebbaa, toujours.

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Une gargotte sur la place      ©  Annie Crouzet

Restaurant à ciel ouvert

À la nuit tombée, la place devient une gigantesque gargote. Une fumée s’élève des stands dûment numérotés. 63 au total. Ces stands bénéficient d’une  autorisation, donnée par les autorités, transmissible de père à enfant, mais qui se vendent bien sûr sous la djellabah. Marrakech sera toujours Marrakech. Leur menu ? Bol d’escargots, harira (soupe), brochettes en tout genre… Est-ce bien raisonnable, s’interroge le quidam. Il ignore une chose : les restaurants de la place subissent des « contrôles de qualité ». « Deux fois par semaine », me répond-on avec hauteur au Service des Affaires Économiques. Ici, la blouse blanche, le calot sont de rigueur. Réputation de Marrakech oblige.

Avoir le bon numéro

Sur la place, allez-vous choisir un stand majoritairement occupé par des Européens ? Mauvaise pioche ! Son propriétaire dispose surtout d’excellents rabatteurs. Il faut y aller avec « le bon » numéro, le numéro de stand que vous aura donné un ami, un chauffeur de taxi (encore que je doute du désintéressement des chauffeurs de taxi) ou le propriétaire de votre riad. Tous les Marrakchis ont leurs habitudes place Jemaâ El Fna. Moi, mon numéro fétiche, c’est le 14. À bon entendeur…

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     ©  Annie Crouzet

Photographie de couverture : © Britrob http://www.flickr.com/photos/rpoll/250473754/
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