
Mis à jour le 3 janvier 2020
| Prague
Publié le 14 juillet 2014
Las des ors baroques, des églises flamboyantes et du style pompeux Marie-Thérèse ? Faites sécession et pistez l’avant-garde de Prague des années 1900, quand la capitale tchèque, prise de fièvre Art nouveau, allait bientôt inventer le cubisme architectural.
Palais, villas, hôtels, cafés, grands magasins, théâtres, banques…quelques 300 édifices font de la capitale tchèque l’une des Mecque de l’Art nouveau. Avec une telle richesse, pas facile de savoir par où commencer ! Pour une immersion complète, posez vos valises au mythique hôtel Paříž qui fête ses 110 ans cette année. Puis laissez-vous porter par une visite guidée à la découverte des monuments les plus emblématiques. Si vous êtes plutôt du genre électron libre, commencez par faire un tour à la gare centrale (Wilsonova 8) qui, après un sérieux coup de blush, vient tout juste de retrouver ses couleurs. Le Fanta café avec son dôme spectaculaire aura peut-être enfin rouvert ses portes…
Le monument icône de l’Art nouveau pragois ! Décorée par les plus grands artistes de l’époque dont Mucha, la Maison municipale (Obecní Dům) affiche un décor grandiose à la gloire de la culture tchèque. Après avoir visité les salles d’apparat, attardez-vous dans le Café aux grands airs viennois, sirotez une belle blonde de Bohème à la brasserie Pilsen ou dînez sous les lustres scintillants du restaurant français… L’orchestre symphonique de Prague se produit dans la prestigieuse salle Smetana ? Courez-y !
Impossible de ne pas faire un saut au Musée Mucha (Muchovo muzeum) dédié au plus célèbre peintre et illustrateur Art nouveau ! La collection rassemble des affiches originales de sa carrière parisienne, peuplées de ses créatures délicieuses et ensorcelantes, dont celles réalisées pour Sarah Bernhardt. De retour à Prague en 1910, Alfons Mucha peint la voûte du salon du maire à la Maison Municipale et signe de merveilleux vitraux à la cathédrale Saint-Guy (svatého Víta). On débusquera sa tombe au cimetière de Vyšerhad aux côtés du poète Jan Neruda et du compositeur Antonín Dvořák.
Arpentez la rue de Paris (Pařížská) pour un lèche-vitrines chic sur fond de façades Art Nouveau. Puis cap sur Nové Město (Nouvelle Ville) pour vous imprégner de l’atmosphère années 1920 du célèbre passage Lucerna (Vodičkova 36) rempli de boutiques et de cafés. Dédiée elle aussi aux emplettes, la rue Nationale (Národní třída) a ses pépites Art nouveau : la maison Topič (n° 9) et la maison des assurances Praha (n° 7) où travailla un certain Franz Kafka… Puis, séquence au bonheur des dames devant la façade Sécession de l’ancien grand magasin U Nováků (Vodičkova 28) avec ses grenouilles bondissantes et sa sublime mosaïque…
Le musée des Arts décoratifs (Uměleckoprůmyslové muzeum) aux vitrines remplies de verres, porcelaines et pendules Art nouveau, de meubles cubistes et d’affiches 1900, éveillera votre envie de chiner. Chez Antik Mucha sont entassés une multitude d’objets des années 1900 à 1930 : bijoux, lampes, vases en pâte de verre, bronzes, porcelaines. Si vous ne trouvez pas votre bonheur, Art Decoratif, spécialisé dans l’Art nouveau, propose des copies d’originaux de Mucha, Gallé, Tiffany…
Alors que l’Art nouveau est sur le déclin, le cubisme fait son entrée à Prague dès 1910. Phénomène unique en Europe et purement tchèque, il s’invite dans l’architecture et les arts décoratifs. Avec sa maison À la Vierge noire, Josef Gočár signe en 1912 la première maison cubiste : faites une pause goûter dans son Grand Café Orient au décor 100 % cubiste ! À voir aussi, les étonnantes maisons cubistes de Vyšerhad des architectes Josef Chochol, Josef Gočár et Pavel Janák, la maison Diamant à l’angle des rues Spalená et Lazarská et la drôle de façade rondocubiste du palais Adria (Národní třída 40). La Galerie Nationale d’Art Moderne (Veletrežní palác) comblera elle aussi les toqués de cubisme avec des œuvres des plus grands artistes tchèques, cette fois dans un pur immeuble fonctionnaliste. Mais ceci est une autre histoire…