
Lisbonne est une ville de cinéma. Alain Tanner, Wim Wenders, Raùl Ruiz… Nombre de cinéastes et pas des moindres l’ont choisie comme décor de leurs films voire comme vedette. Comme dans Train de nuit pour Lisbonne, réalisé par Bille August, travelling avant sur la capitale du Portugal.
Il est un peu plus de 23 h sur Lisbonne. Le film démarre mal. Mon chauffeur de taxi remet hâtivement son compteur à zéro. Et me réclame une somme bien supérieure aux tarifs habituellement pratiqués entre aéroport et centre-ville (à savoir dix à quinze euros). Du coup, je lui demande un reçu. Beau joueur, avec un gros soupir, mon arnaqueur d’un soir établit le document et rabat de 30 % ses prétentions. Je m’en tire pour treize euros.
Ah ! Le tram 28 ! C’est l’un des mythes de Lisbonne, utilisé sans modération au cinéma. Et cela reste pour moi le plus pittoresque moyen de découvrir ou redécouvrir la « ville blanche » chère à Alain Tanner. Mais accrochez-vous ! En jouant à saute-collines, le tram fonce à travers les ruelles étroites du Bairro Alto ou de l’Alfama, klaxonne à tout va, freine sec. Il a ses « incidents » qui amusent la compagnie, moi la première. « Déperchement », aiguillage bloqué…Vous verrez alors le conducteur prendre balai ou clef à molette pour régler l’affaire…
Lâchez le tram 28 pour plonger dans l’Alfama et le dédale de ses ruelles (beco) ombreuses et tortueuses. Entre le château Saint-Georges (Sao Jorge) et le fleuve, c’est un vrai labyrinthe, où quelques belvédères (miradouros) offrent des échappées fabuleuses sur la « mer de paille », surnom donné à l’estuaire du Tage. Le linge pend aux fenêtres. Une voix qui chantonne un fado… Il n’en faut pas plus pour se retrouver dans Lisbon Story de Wim Wenders.
Séquence Tage. On s’embarquera comme Jeremy Irons (Train de nuit pour Lisbonne de Bille August) du Belém Ferry Terminal. Le temps d’une traversée, pour rejoindre l’autre rive et ses derniers pêcheurs, Lisbonne vous fait un cinéma pas possible. Je reste scotchée devant le spectacle. Plein cadre, s’affichent le pont du 25-avril, l’emblématique tour de Belém et le monument des Découvertes, taillé en forme de proue de caravelle.
Peut-être aurez-vous la chance de croiser l’acteur-réalisateur John Malkovich au Bica do Sapato (www.bicadosapato.com). Tout simplement parce qu’il est l’un des propriétaires de ce restaurant très chic, très trendy du quartier des Docks, installé dans un ancien entrepôt. On pourrait s’attendre au pire… Mais non ! La vue est somptueuse sur le Tage ; la cuisine prend des libertés avec les traditions portugaises (ah, la sardine en samosa). Et l’addition reste raisonnable (il y a même un menu du jour à 21,50 € avec verre de vin inclus).
C’est pour septembre. Du côté de la place du Commerce (Terreiro do Paço), dont la rénovation vient de s’achever, Lisbonne va s’enrichir d’un nouveau musée historique, doublé d’une « attraction » plutôt insolite. Entre ses murs, on pourra « revivre » en 4D les minutes terribles du tremblement de terre de 1755, qui a détruit en grande partie la ville !
Sésames. http://www.visitlisboa.com et www.visitportugal.com. Sur place, n’hésitez pas à rendre visite à Ask me Lisboa de la praça dos Restauradores. Cette antenne de l’Office de Tourisme est hébergée en partie dans le Palacio Foz, où furent tournées, non sans mal, certaines scènes de bal de la saga de Raùl Ruiz (Les mystères de Lisbonne). Ce Palais est parfois ouvert au public pour des concerts.
Bon plan. La Lisboa card vous permet de voyager gratuitement sur tous les transports en commun (bus, tramways y compris le 28, funiculaires, métros). Et d’entrer sans bourse délier dans vingt-sept musées de la capitale portugaise (réductions sur les autres musées)
Un hôtel du 7e art. Pour les ciné addicts, Lisbonne compte un hôtel dédié au septième art, l’hôtel Florida. On croise Humphrey Bogart dans l’ascenseur, on dort sous une affiche d’Hitchcock… Et bien sûr, films à la demande dans la chambre.
Nouvelle star. En cuisine, tout Lisbonne n’a d’yeux que pour José Avillez. Ce beau gosse a été à bonne école : Ferran Adria (Barcelone), Alain Ducasse et Eric Frechon (le Bristol à Paris). À côté de son restaurant gastronomique (le Bel Canto), il a sa cantine (cantinho), son bistrot dans le Chiado. Les fondamentaux de la cuisine portugaise revisités et à petit prix (plat du jour à 10,50 euros en semaine à midi).
Merci, on corrige !
le pont
le 18 juin 2012 :
le pont sur la photo n’est pas le pont 25 avril, mais « vasco da gama »