
Mis à jour le 19 juin 2019
| Bassin méditerranéen , Maroc
Publié le 2 juillet 2012
En 1912 et 1913, Matisse a effectué deux longs séjours à Tanger au Maroc, pendant sept mois. Une ville choisie pour sa lumière, une « lumière effusion »… Un siècle plus tard, la ville a explosé. Surprise : on s’y balade encore comme dans une toile de… Matisse, où les couleurs rugissent.
Dans la kasbah, j’ai choisi comme point de chute le Dar Nour. Un nom qui dignifie la maison de la lumière. De bon augure, non ? Bonne pioche. Sur la terrasse, je vais prendre chaque matin mon petit déjeuner (crêpes marocaines, beghrir, msemmen et tutti quanti) avec sous les yeux grandeur nature une toile de Matisse : Vue sur la baie de Tanger.
Le matin, dans la kasbah, y a pas un chat, me direz-vous. Erreur : les chats sont partout dans cette ville féline, qui ronronne au soleil. Roupillant sous le porche, un matou s’est même invité dans l’un des plus célèbres tableaux de Matisse, Le Marabout. Au coin de la rue Ibn-Abbou, ce monument héberge le tombeau d’un saint homme, Sidi Ahmed Bouqouja.
Coincée contre la muraille, l’étroite rue Ibn-Abbou déboule sur la place de la Kasbah (ou du Méchouar). Là, je prends l’habitude de déguster un thé à la menthe au Salon bleu, la dernière annexe du Dar Nour. Mais oui, bon sang, bien sûr. Côté kasbah, c’est du Matisse pur jus : Le Palais du Sultan. Une esquisse. Tout est là : l’entrée du palais (XVIIIe s.) reconverti aujourd’hui en musée d’Al Kasbah, les marches de l’ancien Trésor (Bit el-Mal)…
De la kasbah, je plonge dans la médina par Bab el-Assa, la porte du Bâton, où les soldats du sultan s’en donnaient à cœur joie sur le dos des voleurs de poules et autres tristes larrons. C’est ma préférée, bien que l’eau ne coule plus dans la fontaine (seqaya) depuis belle lurette… Évidemment, c’est La porte de la casbah de Matisse, avec ses bleus vibrionnants et son rouge magenta.
Après Bab el-Assa, la trace de Matisse se perd dans la médina. Quel estaminet lui a inspiré son Café maure ? Nostalgie pour nostalgie, je m’offre une pause thé au Café Baba, accroché aux escaliers de Sidi Hosni. Les Rolling Stones l’ont rendu « famous in medina ». Il exsude aujourd’hui l’ennui. La milliardaire américaine Barbara Hutton n’est plus là pour faire la folle.
La ville ne bruisse que de la réouverture prochaine de la Villa de France, l’hôtel où Matisse a séjourné dans la chambre 35, au deuxième étage. J’ai demandé à la visiter. Le temps de chercher la clé, provisoirement introuvable… Autant que faire se peut, la chambre-atelier du peintre est restée dans son jus. Interrupteur antédiluvien, meubles reproduits à l’identique. On ouvre les volets. Émotion. Splendeur de Paysage vu d’une fenêtre : le clocher de l’église St Andrew, le minaret de Sidi bou-Abid…
Beaucoup, sans avoir vu la Villa, crient à la trahison. Non, on n’y retrouvera pas la palette de Matisse, l’hôtel se cantonnant sobrement dans un camaïeu de beiges. En charge de la déco, Abdelbassit Ben Dahman, peintre lui-même, a fui le pastiche. Seule piqûre de rappel : un motif-leitmotiv, obsédant, celui de la « feuille de Matisse », inspirée par l’une de ses toiles tangéroises, probablement Acanthes. Parfois, à Tanger, c’est tempête dans un verre de thé.
Y aller. Les compagnies low cost comme Ryanair ou EasyJet sont les seules à consentir des tarifs « intéressants » sur la destination. Mais attention aux conditions. Entre enregistrement et embarquement, Ryanair peut contrôler jusqu’à deux fois le poids de vos bagages en cabine (10 kg maxi) !!! Gare aux pénalités.
Sésame. À l’Office de Tourisme, vous pourrez obtenir un plan de Tanger et c’est à peu près tout. Pour le buzz, mieux vaut aller sur le site de Tanger Tetouan-Pocket, un mensuel gratuit.
Un circuit Matisse. Il est dans les cartons de l’Inspection régionale de l’Urbanisme de Tanger. Signalisation, reproduction de tableaux sur les sites…
Change. Un euro = environ 11 dirhams.
Où dormir ? La Villa de France rouvre ses portes en juillet. Voyez si elle offre des tarifs soft opening (traduction ouverture en douceur), où le client essuie les plâtres ! Cette période peut s’étaler sur six mois.
Autre coup de cœur : le Balcon de Tanger. Une maison d’hôtes très design, avec des vues fabuleuses sur la mer. Le propriétaire est un fan de Mesnani, un peintre marocain contemporain, hyper coté.
Où manger ? Pour un festin de la mer, vous avez toujours Saveur de poisson dans les escaliers Waller (200 Dh le déjeuner). Si vous voulez faire votre BA et aider des femmes en difficultés, allez à Darna, près du Grand Socco, le menu est à 60 Dh.
Sortir. Sur la plage, le Chellah Beach Club tient Scène ouverte le lundi soir. Pour tester le nouveau son tangérois.
Shopping. Près de la librairie des Colonnes, que détient aujourd’hui Pierre Bergé, vous trouverez la nouvelle boutique de la styliste tangéroise Salima Abdel Wahab pour découvrir ses vêtements ludiques, à transformation, chers aux globe-trotters.
Merci pour le conseil !
lanomade
le 10 mai 2013 :
Je recommande aussi La Maison de Tanger, superbe maison d’hôtes au cœur de la médina de Tanger.
http://lamaisondetanger.com/