
Ville-musée, conservatrice, provinciale… Décidée à tordre le cou aux clichés qui lui collent à la peau, la Ville éternelle s’offre, après des années d’immobilisme, les grands noms de l’architecture internationale pour écrire une nouvelle page de son histoire urbaine. Balade alternative dans une Rome qui ne se contente plus d’être figée dans ses ruines et qui ose les formes radicales !
Emblématique du renouveau romain, le Museo dell’Ara Pacis (2006) fut la première construction moderne à avoir vu le jour dans le centre historique… depuis la Seconde Guerre mondiale ! Non sans avoir défrayé la chronique, le pavillon minimaliste de marbre et de verre conçu par l’architecte américain Richard Meyer met merveilleusement en lumière « l’autel de la paix d’Auguste », chef-d’œuvre de sculpture romaine du Ier s. av. J.-C. Un sacré bond dans l’Histoire !
Le conseil du Guide Évasion : attention, ce musée est fermé le lundi ! Le reste de la semaine, il est ouvert de 9h à 19h. L’entrée est à 10 € 50, tarif réduit à 8 € 50. Si vous voulez admirer leurs photos, rendez-vous sur leur Flickr !
La banlieue romaine se prête davantage aux grandes réalisations. C’est ainsi que le quartier de Flaminio, au nord-ouest de Rome, a trouvé un second souffle avec l’Auditorium Parco della musica. Sous les grosses carapaces de scarabées de Renzo Piano bourdonne une « véritable fabrique de la culture » : concerts symphoniques ou pop, danse, théâtre, cinéma, expos d’art, rencontres littéraires, festivals… Pour une visite guidée du complexe, pensez à réserver.
Le conseil du Guide Évasion : la billetterie de l’Auditorium est ouverte de 11h à 20h tous les jours. Attention cependant, les soirs de spectacle, elle est ouverte de 20h jusqu’au début de la représentation.
Un autre ovni, surgi de nulle part, s’est posé dans le quartier de Flaminio. Architecture de béton, de verre et d’acier, volumes imbriqués, murs curvilignes, escaliers suspendus, rampes serpentines… La grande œuvre architectonique de l’anglo-iraquienne « déconstructiviste » Zaha Hadid est aussi spectaculaire que déroutante. Consacrées à l’art et à l’architecture du XXIe s., les expositions du MAXXI ne pouvaient rêver écrin plus renversant !
Le conseil du guide Évasion : Ouvert du mardi au dimanche de 11h à 19h, le samedi de 11h à 22h. Tarif plein 11 €, tarif réduit 8 €.
La création contemporaine ne se cantonne pas aux murs du MAXXI et compte de multiples vitrines à Rome. Au nord de la ville, l’ancienne brasserie Peroni, revue et corrigée par l’architecte française Odile Decq, a été investie par le MACRO, le musée d’Art contemporain de Rome. Vous pourrez faire le plein d’art expérimental au MACRO Testaccio, son annexe, dans le décor insolite des anciens abattoirs de Rome. Une librairie étourdissante, des expos décoiffantes, le Palazzo delle Esposizioni mérite aussi le détour. Enfin, les avant-gardes italiennes du XXe s. (surréalisme de De Chirico, futurisme, Transavanguardia des années 1980…) s’affichent à la GNAM (ou Galleria Nazionale d’Arte Moderna e Contemporanea), trop souvent oubliée des visiteurs…
Le conseil du guide Évasion : La Galleria Nazionale d’Arte Moderna e Contemporanea est ouverte du mardi au dimanche de 8h30 à 19h30. Plein tarif 8 €, tarif réduit 4 €.
Les galeries d’art privées ne sont pas en reste, avec les prestigieuses Gagosian Gallery (des photographies de Dennis Hopper y sont exposées jusqu’au 8 novembre 2014) et Galleria Lorcan O’Neill dont les expos de haute volée ont propulsé Rome sur la scène internationale. Les talents romains se découvrent à la fondation Pastificio Cerere, une ex-fabrique de pâtes reconvertie en pépinière de jeunes artistes, et la faune arty se rue à la Fondazione Volume ! Pour connaître les expos du moment, consultez le site www.exibart.com.
Piqueté de gazomètres géants, d’entrepôts et d’usines désaffectées, le quartier montant d’Ostiense métamorphose ses friches industrielles en lieux culturels décalés. Exemple de reconversion réussie ? La Centrale Montemartini, une ancienne centrale électrique de 1912 brillamment remise en beauté pour accueillir une portion des sculptures antiques des musées du Capitole. Les marbres romains éclatants de blancheur sur fond de machineries sombres, chaudières et turbines rutilantes créent un contraste saisissant !
De larges avenues bordées d’imposants monuments de style fasciste…Vous êtes dans le quartier controversé de l’Esposizione Universale di Roma, érigé par Mussolini pour accueillir l’Exposition universelle de 1942 qui n’eut jamais lieu. Reconverti en quartier d’affaires, siège de ministères et d’immenses musées hérités de la dictature, l’EUR offre aux amateurs d’insolite une immersion fascinante dans un univers 100% orwellien. Arrêtez-vous devant le colossal Palazzo della Civiltà del Lavoro. Son classicisme revu par l’avant-garde des années 1930 en a fait LE monument icône de l’EUR : un cube blanc épuré à l’extrême et ajouré d’arcades sur toute sa surface, d’où son surnom de… « Colisée carré » !
L’architecture religieuse n’a pas échappé au vent de modernité qui souffle sur la cité papale. À l’occasion du Grand Jubilée de l’an 2000 et du programme « 50 églises pour Rome », l’architecte Richard Meyer a encore frappé, cette fois dans le quartier de Tor Tre Teste, pour offrir son minimalisme divin à l’église Dives in Misericordia. L’audacieux vaisseau de ciment blanc ne vous laissera pas de marbre avec son plan en forme de coquille et ses trois voiles de bateau gonflées par les vents. Vous serez ébloui par le jeu de lumières qui partitionne de façon habile les espaces de cet édifice radieux. Ouvert aux cieux et résolument tourné vers le nouveau millénaire.
À quoi ressemblera la Rome de demain ? 2 chantiers innovants et spectaculaires (parmi d’autres !) permettent de s’en faire une idée. À commencer par le nouveau centre des congrès de l’EUR de Massimiliano Fuksas. Rebaptisé la « Nuvola », il affiche d’ores et déjà son fameux « nuage » suspendu dans sa boîte de verre. Autre prouesse architecturale, la Cité des Sports inachevée de Santiago Calatrava donne à la banlieue est de Rome un petit parfum de science-fiction. De ce chantier titanesque, aujourd’hui à l’abandon et en attente d’un financement, émerge une étrange coquille vide aux impressionnantes ailes d’acier déployées vers le ciel…
Alors, Rome ville éternelle ? Non, Rome work-in-progress !
Merci Agnès, faites-nous un retour quand vous rentrez ! Bon voyage
Agnès Frionnet
le 22 octobre 2016 :
Merci pour ce descriptif qui m’a l’air bien complet !
On part dans quelques jours avec des architectes et c’est tout à fait les infos que je cherchais !